Je ne boirai pas à la santé des lâches
Ru00e9da Benchemsi

S’attaquer au Maroc devient aujourd’hui un business très rentable. Il suffit de dire quelques mots méchants sur la monarchie et se considérer comme un grand opposant menacé dans son intégrité physique. Plusieurs journalistes qui voulaient émigrer sans avoir l’air de simples migrants ont usé de ce stratagème.

Réda Benchemsi a écrit une opinion dans Le Monde. Il s’est fait le porte-parole d’un acte de barbouzerie qui a usé abondamment de faux de documents pour déstabiliser le Royaume du Maroc. Les attaques des hackers étaient toutes dirigées contre la diplomatie marocaine et les services de sécurité.

Je n’aurais jamais dû intervenir dans ce que je n’ose pas appeler débat, fondé sur une attitude anti-marocaine, alimentée par le travail de l’ombre des hackers, devenus, du jour au lendemain, des vedettes des réseaux sociaux. Ou du moins le croient-ils.

Néanmoins Réda Benchemsi, dont le nom de famille rappelle encore de douloureux souvenirs  à des militants qui sont passés par les centres de tortures du temps des années de plomb,  (et je reviendrai sur le sujet pour montrer la face cachée du personnage), s’est attaqué à un aspect qui, en principe ne devrait pas le concerner. Il s’est attaqué au groupe médiatique au développement duquel j’ai participé aux côtés de Ahmed Charaï, un ami, avant tout et un entrepreneur avisé. Je suis témoin de cette évolution et quand j’y pense aujourd’hui, la fierté que je ressens me fait oublier tous les moments durs que nous avions passés. A l’époque, l’ensemble du personnel ne dépassait la quinzaine.

Puisque donc Benchemsi a parlé de notre groupe, il n’est pas ostentatoire de lui répondre. Le groupe dont il parle n’est pas dirigé par Ahmed Charaï seul. Il est le président, l’investisseur. D’autres personnes s’occupent du développement et de la gestion. Le groupe a été créé à partir de peu de choses et aujourd’hui, il compte deux magazines, un hebdomadaire et un trimestriel, une radio qui, en très peu de temps a pris la deuxième place des radios privées et d’autres activités encore. Et, au passage, aucun auditeur n’a été visité au milieu de la nuit par de sombres agents l’obligeant à écouter Med Radio.

La gestion très prudente, sans manquer de courage néanmoins, a permis au groupe de se maintenir et de progresser. Les partenariats que nous avons établis avec de grandes publications de réputation mondiale, montrent la crédibilité dont nous jouissons sur la scène internationale et nous ont permis de tirer vers le haut le niveau de notre apport à la profession. Nous avons toujours été  de bons managers, nous n’avons jamais eu la grosse tête et nous continuons à apprendre chaque jour de nos expériences et des expériences de nos partenaires. La gestion chez nous n’est pas verticale, les journalistes évoluent dans un cadre propice à leur épanouissement. C’est ce que ne peut pas dire Benchemsi, lui qui a géré son hebdomadaire comme on gère une station service de campagne, comme s’il n’y avait que lui pour réfléchir et choisir les sujets. L’hebdomadaire se dirigeait irréversiblement vers la chute n’était l’intervention de gestionnaires plus avisés et collaboratifs qui l’ont repris et lui ont permis de continuer à exister.

La réussite de notre groupe montre que nous tavaillons très dur et intelligemment. Réda Benchemsi par exemple, n’a pas eu l’intelligence de la gestion, il a grignoté son capital à force de dépenses insolites pour  son business. Il s’est créé une certaine renommée à force de grands titres attirants qui promettent beaucoup sans tenir leurs promesses. Il faisait plus dans le marketing rédactionnel que dans le journalisme proprement dit. Il consacrait 80% de l’énergie à l’emballage. Nous savions tout cela, mais nous de disions rien, nous n’avons jamais attaqué un confrère. C’est un principe chez nous.

Nous estimons qu’on ne peut pas faire du journalisme sans avoir des valeurs. Benchemsi n’en avait aucune, à part l’opportunisme. La haine de la monarchie en est un aspect. Mais d’où vient cette réaction démesurée ? Comme son père était un des hommes qui profitaient du règne de Hassan II, il croyait que, évidemment, il aurait la même opportunité avec Mohammed VI. Tous ceux qui rêvaient de cette place et qui ne l’ont pas obtenue, sont devenus des défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme, sachant que la situation est beaucoup plus détendue aujourd’hui qu’elle ne l’était du temps de leurs pères ou grands pères. D’autres ont eu la même déception, qu’ils ont transformée en « opposition ». Si en plus, le métier d’opposant paie bien et permet de voyager et d’animer des conférences, on enfile les brodequins et on s’engage. Sachant pertinemment que, ce faisant, on se met aux ordres du bailleur de fonds auprès de qui on devient un esclave.

Cela fait des années qu’ils essaient de déstabiliser le Royaume, d’autres avaient essayé avant eux, et rien de ce qu’ils espèrent ne se concrétise. La déception est un phénomène auto-entretenu. Pour gêner le Palais, ils ont fait l’éloge des islamistes les plus radicaux, sachant que ces derniers n’ont qu’un objectif, tuer la démocratie. Ils ont défendu des séparatistes condamnés pour des actes criminels, sachant que c’est le Polisario et son parrain qui sont à la base des troubles… Ils n’en sont pas à une contradiction près et pour tout dire, ils se moquent de la cohérence de leurs actions, pourvu qu’elles gênent le pouvoir.

S’allier contre son pays demande quand même un certain cran, surtout quand on vit dans un pays qui ne badine pas avec le patriotisme. Beaucoup de militants ne sont pas d’accord avec le pouvoir, pourtant ils restent dans leur pays et s’expriment ouvertement. Certains sont même plus virulents, personne ne les a torturés. Je suis moi-même de ceux qui critiquent, qui ne sont pas satisfaits de tout, mais qui savent que le changement a commencé il y a longtemps et qu’il se poursuivra. Le mouvement est irréversible.

Seuls les déçus n’y croient pas. Parce que ce qu’ils voulaient n’est pas la démocratie, mais continuer à jouir des mêmes avantages que leurs pères et grands pères. Ils ont vu de nouveaux hommes dans le cercle du pouvoir, issus des couches populaires et cela ils n’arrivent pas à l’admettre. Pour eux, seuls les Marocains « bien nés », peuvent accéder à ce cercle magique. Leur tradition familiale ne leur permet pas de penser autrement. Les exclus du pouvoir l’ont été parce qu’ils ne cherchent que leur intérêt propre et qu’ils n’ont rien à faire du bonheur des classes sociales inférieures et le développement du pays.

Pour revenir à notre groupe, puisque c’est ce qui m’intéresse le plus, bien sûr nous ne sommes pas « bien nés », mais nous sommes nés au bon endroit et au bon moment. Cela nous suffit. Le Maroc offre des chances à qui sait entreprendre sans oublier ses racines. Nous sommes une entreprise médiatique, certes pas insolemment prospère, mais le monde de l’entreprise n’est pas une sinécure. Nous le savons et nous agissons en conséquence, augmentant le nombre des collaborateurs et donc des familles qui vivent de ce labeur. On ne cherche ni la célébrité ni les lauriers.  Mais une chose est sûre et je le dis, ouvertement, nous défendons le pays et le défendrons avec tous les moyens possibles. Et dans notre conception, défendre le Maroc c’est défendre toutes les institutions qui garantissent sa pérennité et son intégrité.

Nous sommes très critiques envers le gouvernement actuel, mais s’il advient qu’il soit attaqué par des forces extérieures au pays, nous le défendrons. Car quelques soient nos divergences, nous avons le même dénominateur commun, notre patriotisme. Et pour ceux qui estiment que le patriotisme est une valeur dépassée, qu’ils étudient très minutieusement les législations des pays les plus démocratiques, ceux qui les fascinent. Peut-être comprendront-ils enfin.