Maroc-France : Nouvelles Ambitions

C’est parti pour une nouvelle étape dans les relations entre la France et le Maroc. Les deux pays sont attendus sur de nombreuses questions stratégiques. Les rapports politiques franco-marocains redeviennent excellents malgré les dernières turbulences. Et pour cause! Les deux Chefs d’états ont réitéré, après leur entretien à l’Elysée, leur parfaite entente sur toutes les questions intéressant la région. La France et le Maroc sont des acteurs importants, qui partagent une même vision, les mêmes valeurs et ont les mêmes intérêts.

Sur le plan diplomatique. Le Roi Mohammed VI fut on ne peut plus clair à Abidjan, évoquant une coopération triangulaire dans laquelle « le Maroc est disposé à mettre au service des pays africains frères le capital de crédibilité et de confiance dont il jouit auprès de ses partenaires ». La France en premier.

Sur le plan sécuritaire. C’est une évidence. Le Maroc s’est retrouvé aux côtés de la France en Libye, au Mali, en Centrafrique, et participe aux forces de paix onusiennes dans plusieurs coins du monde. Les deux pays soutiennent les aspirants à la démocratie et à la stabilité. Le Maroc a un plus à apporter : ses institutions religieuses peuvent s’appuyer sur les relations avec l’islam subsaharien, la plupart des confréries qui y sont présentes sont d’origine marocaine. Le Maroc peut jouer un rôle dans la lutte contre l’intolérance.

Concernant la Méditerranée. L’axe Paris-Rabat est le principal animateur de l’Union pour la Méditerranée, structure qui tente de faire vivre le fameux processus de Barcelone. Lequel processus, face à la crise en Europe du Sud et à l’implosion des pays touchés par les printemps arabes, a des difficultés à changer de braquet.

Le Maroc, hub entre Europe, Afrique et États-Unis. L’ambition affichée, assumée, du Maroc, est de se positionner comme un hub pour les investissements en Afrique, en faisant jouer ses différents accords de libre-échange avec l’Europe et les États-Unis. La France partage avec le Maroc la conviction que l’afro-pessimisme n’est plus de mise, que les taux de croissance réalisés dans les pays stabilisés permettent de dire que le plus gros potentiel de développement est sûrement en Afrique. On peut parier que l’importance de l’enjeu incitera tôt ou tard à la création d’un binôme uni, durable et pérenne Maroc et la France », peut-on lire dans le communiqué conjoint rendu public à l’issue de cette rencontre au sommet. Ce document souligne aussi la détermination de la France et du Maroc à lutter ensemble contre le terrorisme et à coopérer pleinement dans le domaine de la sécurité. « L’idée est de rétablir assez vite la coopération sécuritaire, en particulier concernant la lutte contre le terrorisme au Sahel et en Libye », a précisé à l’AFP l’entourage du Président Hollande. Annonce a été également faite d’un programme intense de visites ministérielles devant permettre la bonne préparation de la prochaine réunion de haut niveau entre les deux gouvernements. Citant l’entourage du Président français, l’AFP rapporte que cette rencontre doit avoir lieu avant l’été et sera présidée par les Premiers ministres français et marocain.

Du sécuritaire au co-développement Tous les hauts responsables, grands experts et observateurs s’accordent à souligner l’importance de la coopération maroco-française, notamment dans le domaine sécuritaire. Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la Direction générale de la Sécurité extérieure en France (DGSE), insistait à travers l’interview accordée à L’Observateur du Maroc et d’Afrique la semaine dernière sur la poursuite du travail conjoint qu’effectuent les services de sécurité des deux pays. Sur le même sujet, l’ancien ministre français de l’Intérieur, Charles Pasqua, avait même déclaré que la France aurait pu éviter les attentats de Paris avec l’aide du Maroc. Dans le même sens, l’actuel Président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, à l’instar de nombreux autres hommes et femmes politiques français, ne cessait de plaider en faveur de la reprise de la coopération entre la France et le Maroc qu’il considère comme « principale source de renseignement » pour son pays. Maintenant que la « réconciliation » est scellée, la lutte commune contre le terrorisme a été inscrite par le Roi Mohammed VI et le Président François Hollande comme une priorité majeure. Dans ce domaine, l’approche marocaine, désormais bien connue et appréciée à travers le monde, repose sur plusieurs piliers. Le principal est celui du développement économique comme moyen de prévention de la radicalisation religieuse dont se nourrit le terrorisme. En interne, cela s’est traduit par les nombreux plans stratégiques déjà lancés dans le Royaume. En externe, le Royaume s’investit dans le co-développement intercontinental. L’ambition, plusieurs fois réaffirmée par le Souverain, est de traduire dans les faits le co-développement par le co-investissement, mais aussi par des investissements triangulaires. C’est là une voie royale ouverte pour la France dans la perspective d’accompagner le Maroc en Afrique.