Terrorisme, La nécessité d’une réponse globale
Ahmed Charau00ef

Ce qui s’est passé à Copenhague est inquiétant à plusieurs titres. Il s’agit probablement d’un loup solitaire, mais il s’est attaqué aux mêmes cibles qu’en France, début janvier : la liberté d’expression et la communauté juive. C’est dire si la propagande des groupes extrémistes a réussi à mobiliser, partout, des individus autour de la même idéologie obscurantiste et des mêmes objectifs criminels. La réponse sécuritaire est évidement décisive. La liberté de circulation complique la tâche des services compétents. On ne comprend pas, par exemple, les difficultés à partager les fichiers des passagers des vols internationaux, au nom d’une idée fort louable, de protection des données individuelles. Il se trouve que le terrorisme est transnational et qu’il menace tous les pays, sans exception. La réponse sécuritaire nécessite une coopération internationale, beaucoup plus intense, qui commence d’abord par les échanges de renseignements, ce qui n’est pas suffisamment le cas aujourd’hui. Des leaders d’Al Qaida, vivent en Europe, dans des pays d’accueil qui refusent de les livrer parce qu’ils sont binationaux.C’est le cas, par exemple, de Mohamed El Guerbouzi, qui a dirigé pendant longtemps le groupe islamiste combattant au Maroc à partir de Londres, avant de rejoindre l’Irak. Ces incohérences n’ont plus leur place au vu de l’extension de la barbarie terroriste. Mais cela pose débat aux sociétés démocratiques, qui ne sont pas prêtes à restreindre les libertés chèrement acquises. Cet aspect sécuritaire ne peut cacher les autres problématiques. Pourquoi des individus se transforment-ils en machines à tuer leurs semblables au nom d’un discours de la haine ? Si l’on exclut les tentations de stigmatiser la religion musulmane, elle-même victime de l’extrémisme terroriste, la question devient plus lancinante. Ce sont des individus nés et élevés en Europe, qui sont allés dans les écoles européennes, parfois diplômés des universités et grandes écoles, qui basculent dans la folie meurtrière. Le recrutement ne passe plus par la présence sur le sol d’organisations structurées. Internet et les réseaux sociaux recrutent avec une facilité déconcertante. Dans le débat, plusieurs pistes ont été dégagées. La première est celle de la citoyenneté qui passe par l’intégration. Or, celle-ci est fonction des conditions matérielles de vie, de l’accès aux services publics de qualité et surtout l’accès au marché du travail dans des conditions équitables. La question de la mixité sociale, par le biais de l’habitat, s’est-elle aussi imposée. Ce qu’il faut absolument éviter, c’est la confessionnalisation de la lutte contre le terrorisme. D’abord parce que, c’est l’objectif des terroristes qui placent leur combat sous le signe du véritable islam contre le reste de l’humanité. Il faut refuser l’appel de ces sirènes et respecter toutes les religions. Il est vrai que la propagande terroriste fait des Juifs une cible, c’est abominable, il faut le dire haut et fort. Néanmoins, les chiffres démontrent que la majorité des victimes de ses barbaries sont musulmans. L’un de leurs objectifs c’est d’implanter les tensions violentes au sein des sociétés visées. Il est déplacé que le Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahou, appelle les juifs à venir en Israël, leur foyer, à chaque fois qu’il y a un attentat. Il s’agit de juifs citoyens français, Danois ou Marocains, totalement intégrés qui sont menacés par le terrorisme et non pas par les sociétés dans lesquelles ils vivent. Ces appels confessionnalisent le combat et exacerbent les tensions. La réponse globale que nécessite le terrorisme ne peut sortir du référentiel des valeurs universelles de tolérance, de convivialité d’humanisme. Ces valeurs sont la meilleure arme contre un phénomène qui en fait son ennemi principal. Le respect des valeurs n’est pas antinomique avec la plus grande des fermetés sur les plans politique, sécuritaire et juridique. Les faiblesses constatées par le passé ont augmenté les risques d’un phénomène en extension. La communauté internationale en a, enfin, pris conscience, reste à mettre en oeuvre la riposte adéquate.