IVG : La raison l’emporte
Ahmed Charau00ef

La question de l’avortement est en débat au Maroc depuis longtemps, surtout depuis que le royaume a levé toutes les réserves sur la déclaration de Pékin, y compris le droit des femmes à disposer de leur corps. Il y a plusieurs éléments dans ce débat. D’abord, il faut partir des réalités. Des milliers d’avortements sont pratiqués chaque année, dans l’illégalité, mais surtout dans des conditions mettant en péril la vie des femmes. Ensuite, trop de jeunes filles donnent naissance à des bébés, qu’elles ne peuvent accueillir, et n’ont souvent plus qu’un seul horizon, la prostitution. Il faut donc légiférer. Seulement il y a ceux d’en face. Ce n’est pas toujours au nom de la religion qu’ils s’y opposent. Certains le font au nom du principe du droit à la vie, principe consacré par le corpus des droits humains. Dans ce débat, nous avons perdu beaucoup de temps, parce que l’aspect politicien l’a emporté. En effet, il y a 6 ou 7 ans, Saad Eddine El Othmani avait déclaré qu’il y a 6 cas pour lesquels il serait d’accord pour libéraliser l’IVG. Parmi ces cas, celui du danger pour la mère, le viol, l’inceste, ou « des conditions sociales très défavorables ». Ce point aurait permis, dans la pratique, une interprétation évolutive. Mais les associations féministes n’ont pas saisi la perche tendue et ont préféré s’accrocher à la notion de « droit universel des femmes à disposer de leurs corps ».

Comme d’habitude, sur les questions sociales, c’est la Monarchie, grâce à l’institution Imarat Al Mouminine, qui est prescriptrice. L’annonce de la constitution d’une commission pour étudier une loi autorisant l’IVG est en elle-même un événement. Sa constitution, où toutes les sensibilités exprimées sur le sujet sont représentées, est annonciatrice d’un consensus. Celui-ci ne sera pas et ne doit pas être à minima. Nous devrions pouvoir offrir aux femmes de ce pays une législation qui renforce leurs droits, évite les drames sociaux, sans heurter les convictions des uns et des autres.

Après, parce qu’en matière de droit, des avancées restent toujours possibles, les militantes féministes pourront toujours continuer la lutte en s’appuyant sur cet acquis.

Deux remarques pour finir :

1 Le Maroc va légiférer sur l’avortement alors que le PJD dirige le gouvernement, inimaginable ailleurs.

2 Il ne faut pas se voiler la face si on veut éviter que l’IVG ne se transforme en moyen contraceptif, il faut assurer l’éducation sexuelle des adolescents. Un autre combat en vue.