Du soutien à la Tunisie
Ahmed Charau00ef

Le terrorisme peut frapper n’importe où. Mais certaines situations lui sont plus propices que d’autres. Il en est ainsi des Etats fragilisés par des conflits intérieurs, mais aussi de ceux se trouvant dans les situations géostratégiques critiques. L’attentat de Tunis relève de ce dernier cas. La jeune démocratie tunisienne a été frappée par des assaillants venus de Lybie. Ce pays où le chaos s’installe durablement, faisant du vaste territoire un sanctuaire pour les terroristes de l’ensemble de la région. Sans nul doute, la Tunisie, symbole des démocraties naissantes, a été frappée à cause de ses options, mais la situation géographique agit comme un facteur de risques.

En effet, les menaces viennent des frontières libyennes, mais aussi algériennes. Or, la Tunisie est mal préparée pour combattre ce fléau. L’armée tunisienne n’a pas l’expérience de cette guerre contre des groupuscules qu’elle mène, courageusement, à la frontière algérienne. Les services de sécurité, orientés vers le contrôle des mouvements d’opposition durant la dictature de Ben Ali, doivent faire face à une menace d’une toute autre nature, avec des dimensions régionale et internationale. L’adaptation nécessite du temps et des moyens. Malheureusement, cela se passe au moment où l’Etat tunisien est en reconstruction, l’économie reprenant, à peine, quelques couleurs. L’attachement des dirigeants tunisiens à la sécurité ne fait pas de doute. Mais il leur faut un soutien international d’envergure.

Ce soutien peut prendre diverses formes. Il y a bien entendu la coopération dans la lutte anti-terroriste. Elle est vitale. Il y a aussi la question de moyens qu’il faut fournir à la Tunisie, pour que ce pays puisse mieux assurer le contrôle de ses frontières. L’Union Européenne ne peut pas se dérober à ce devoir. L’intervention en Lybie a eu des conséquences tragiques. Le pourrissement de la situation dans ce qui n’est désormais plus qu’un champ de batailles est explosif.

Il est clair que le terrorisme dans les pays du Sahel se nourrit de la crise libyenne. La Tunisie en subit les conséquences. L’Europe est donc menacée, parce que la rive Sud de la Méditerranée est à ses frontières. Le dernier appel de l’Italie en faveur d’une intervention en Lybie sonne comme un réveil tardif.

La Tunisie doit être soutenue, parce que berceau de la révolte, elle a construit une jeune démocratie sur des valeurs modernistes. C’est un devoir que de renforcer cette expérience. Elle doit aussi être soutenue, parce qu’elle est au centre de la région, et que les menaces sont réelles.