Les vraies solutions aux challenges africains
Dr. J. Peter Pham Directeur du Centre pour lu2019Afrique relevant du Think tank amu00e9ricain Atlantic Council.

'De plus en plus de pays africains se tournent vers le Maroc, non seulement en tant que modèle à suivre en matière de développement humain, mais aussi en tant que partenaire de développement. Dr. J. Peter Pham'

Le 25 mai de chaque année - date anniversaire de la fondation de l’Organisation de l’unité africaine en 1963 - est observé sur le plan international comme la «Journée de l’Afrique», une célébration de l’unité Pan-africaine non seulement à travers le continent, mais aussi par la diaspora africaine et les partenaires internationaux de l’Afrique. Au niveau local, la commémoration de cette année, coordonnée par le Groupe Africain des Ambassadeurs de Washington, est prévue le 28 mai, en raison du week-end du Memorial Day. Quelle que soit la date, la « Journée de l’Afrique est l’occasion de célébrer les réalisations du continent et réfléchir à ses défi », a relevé, dans son message, à cette occasion, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. (…)Alors que le slogan traditionnel «Des solutions africaines aux problèmes africains» a trop souvent été utilisé comme une excuse pour éviter ce qui est perçu comme des imbroglios accumulés au fil du temps sur le continent, il n’en demeure pas moins que, comme le président Obama l’a dit aux 500 jeunes participants africains lors du YALI (Young African Leaders Initiative) en marge du sommet historique US-Africa Leaders Summit tenu l’année dernière : «A un moment donné, nous devons arrêter de voir ailleurs pour résoudre nos problèmes. Nous devons nous mettre à la recherche de solutions en interne». En fait, nombreux sont les enseignements à tirer les uns des autres entre pays africains. En particulier en ce qui concerne le développement durable. Même si la Guinée, le Sierra Léone et le Libéria ont été submergés par la propagation rapide du virus Ebola l’an dernier, d’autres pays africains, dont notamment le Nigeria et le Sénégal, ont rapidement montré que la maladie pouvait être endiguée. Alors que la République démocratique du Congo, pays riche en ressources naturelles, a été classée 184è sur 189 pays et territoires sur l’indice Doing Business de la Banque mondiale pour l’année 2015, son minuscule voisin, enclavé et densément peuplé, le Rwanda, classé 46è et - fait révélateur- fut classé à la quatrième place, au niveau mondial en termes d’accès au crédit, juste après la Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis et la Colombie ! D’ailleurs de plus en plus de pays africains se tournent vers le Maroc, non seulement en tant que modèle à suivre en matière de développement humain notamment à travers son initiative lancée il y a déjà une décennie, en l’occurrence, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), qui a investi depuis sa création plus de 6 milliards de dollars administrés localement pour financer plus de 700 projets visant la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la qualité de l’éducation. Mais aussi en tant que partenaire de développement. L’année dernière, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, le Roi Mohammed VI a déclaré que « le Maroc assume pleinement sa vocation africaine ». Il a ajouté que «la coopération Sud / Sud devrait être au coeur des relations économiques» entre les pays africains. La semaine dernière, le monarque est arrivé au Sénégal, dans le cadre d’une autre tournée en Afrique qui l’emmènera ensuite en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Il a déjà présidé avec le Président sénégalais la signature de 13 accords de partenariats concernant des domaines aussi variés que la coopération industrielle, l’économie et les finances, l’agriculture et la pêche maritime, le tourisme, la logistique et la formation professionnelle, etc. Les organisations philanthropiques et les entreprises marocaines n’ont pas tardé à répondre à l’appel du roi à renforcer leur engagement envers l’Afrique. Dans le même cadre, la Fondation Mohammed VI pour le développement durable a conclu un accord de coopération avec le gouvernement sénégalais. Aux termes de cet accord, la Fondation a mobilisé 2 millions de dollars pour la réalisation d’un quai de pêche moderne sur la baie de Soumbédioune à Dakar. Il s’agit d’une coopération stratégique qui place la dimension sociale au centre de ses intérêts. Grâce à ce projet, les pêcheurs artisanaux auront un accès au stockage à froid, au marché et à d’autres installations. Ce qui les aidera à élargir leurs perspectives économiques. Le groupe marocain OCP a récemment annoncé son engagement à former une unité fonctionnelle dédiée à l’augmentation de la productivité de 100.000 petits exploitants agricoles dans six pays de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Dans le cadre de ce projet pour lequel OCP a mobilisé 5 millions de dollars sur cinq ans, le groupe développera un mélange d’engrais hautement diversifié à destination des petits exploitants africains. En outre, cette nouvelle unité soutiendra les agriculteurs en leur fournissant de l’aide et des services divers tels que les formations, l’assistance technique, etc. Les deux plus grands groupes bancaires du Maroc, Attijariwafa bank et BMCE Bank sont déjà implantés dans 19 pays africains. BMCE Bank, la première institution bancaire à offrir des services financiers accessibles à la classe moyenne africaine, en pleine expansion - 14 succursales rien qu’à Bamako (Mali), a été rebaptisée «BMCE Bank of Africa », conformément à une décision prise récemment par le conseil d’administration de la banque. L’émergence organique de ces solutions aux défis de développement de l’Afrique est d’une importance capitale pour les partenaires internationaux du continent. Certains commencent déjà à reconnaître l’impact de ces changements potentiellement transformateurs. L’Agence française de développement (AFD), opérant par le biais de son institution financière du secteur privé, Proparco, a progressé dans ses objectifs de développement en Afrique sub-saharienne par des investissements dans la filiale d’Attijariwafa bank en Mauritanie et dans le réseau de BMCE Bank of Africa. J’ai souligné aux décideurs américains, dans l’une de mes analyses publiées l’an dernier, le rôle du Maroc en tant que portail des affaires en Afrique compte tenu de son accord de libre-échange avec les États-Unis. Et aussi en tant qu’acteur essentiel dans la sécurité et la lutte contre le terrorisme sur le plan régional. Dans sa récente Stratégie de sécurité nationale, l’administration Obama reconnaît à juste titre l’évolution dynamique dans les relations de l’Amérique avec l’Afrique : « Pendant des décennies, l’engagement américain envers l’Afrique a été défini par une assistance destinée à aider les Africains à diminuer l’insécurité, la famine et les maladies. En revanche, les partenariats que nous avons formés aujourd’hui, avec la possibilité de les étendre dans les années à venir, visent à répondre aux attentes des Africains». Cependant, pour réaliser cet objectif stratégique important, les États-Unis devraient, non seulement, faire participer la jeunesse, les femmes et les autres leaders africains pour réaliser leurs rêves. Mais aussi des pays africains, dont le Maroc, qui fournissent déjà des solutions appropriées, développées en interne, aux défis auxquels fait face aujourd’hui le continent, ses nations et ses populations ✱

Pour lire l’intégralité de cette analyse : http://thehill.com/blogs/pundits-blog/international/243061-real-african-solutions-to-africas-challenges