La grosse boulette du journaliste d’Al Jazeera

Les journalistes marocains seraient tous des vendus, des corrompus et des proxénètes. Les insultes dont ils ont fait l’objet dernièrement sont générales, précises, sans concession. Mais ne sont-elles que des insultes ? Considérant que celui qui les a proférées est un journaliste, elles sont donc des informations publiées sur le ton de la certitude la plus absolue. L’employé de la chaîne qatarie Al Jazeera peut être considéré comme quelqu’un qui dispose de toutes les preuves indispensables à produire devant un tribunal si d’aventure des journalistes ou leurs organisations professionnelles décident de le poursuivre en justice. Le doute est néanmoins permis, Ahmed Seyed Mansour, le journaliste d’origine égyptienne de la chaîne proche des frères musulmans, n’est pas un vrai journaliste. Ses seules réalisations dans le métier avant d’arriver à Al Jazeera se résument à la collaboration à une publication  elle aussi évoluant dans le giron des frères musulmans. C’est donc pourquoi il lui sera difficile de défendre ses accusations. Or, elles sont très graves, plus grave peut-être que ce que le journaliste, lui-même aurait pu penser. Elles n’ont pas encore produit tous leurs effets. Du côté des journalistes, les réactions ont été cinglantes, sauf les journalistes proches du parti de la Justice et du développement qui eux ont été bénis par le journaliste de la chaîne de l’Emirat du Qatar autant que les membres du parti islamiste d’ailleurs, qualifiés d’honnêtes et même de saints. Il nous reste donc, nous les membres de cette profession, à faire le travail. Quant au ministère de la communication, il doit lui aussi bouger, sinon, comme l’a dit un confrère, il aurait signé des cartes de presse à des proxénètes et des corrompus. Il est lui aussi, bien qu’il soit du parti islamiste, éclaboussé. Le PJD, parti du chef du gouvernement a senti que l’affaire est extrêmement grave. Au début, il a publié les insultes de Mansour sur son site officiel, avant de la retirer. Ce qui indique qu’il y a bien eu péril. et que l’affaire peut avoir des implications que le PJD ne peut pas imaginer. En tout cas, il se trouve au milieu d’un gros dilemme. S’il défend les journalistes marocains, il démontre certes qu’il est d’abord marocain, mais perd une carte médiatique, puisque la complaisance non désintéressée de Mansour leur assure une visibilité sur Al Jazeera. On se souvient de la dernière interview de Abdelilah Benkirane où le journaliste semblaient poser des questions dont les réponses favoriseraient le chef des islamistes marocains. Si par contre, il se met du côté de Mansour, il aura confirmé que le PJD est d’abord islamiste avant d’être marocain. Mais ça c’est un autre sujet.