Banques islamiques : Des créanciers comme les autres ?

Les premières banques qualifiées de participatives pour éviter de les appeler « islamiques » devraient voir le jour à la fin de cette année au Maroc. En quoi seraient-elles différentes des autres banques ?  

En janvier 2014, le gouvernement marocain a adopté le projet de loi relatif à la « finance islamique » en précisant le statut des banques participatives, les produits, les organes de contrôle et en mettant en place un fonds de garantie pour les clients.

Bien qu’elles ne portent pas la nomination de banques islamiques, les nouvelles structures participatives seront soumises à la régulation du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO). Le Comité charia pour la finance participative a été nommé récemment par le Roi Mohammed VI. Et le dispositif législatif est bouclé pour permettre aux premières filiales ou antennes de

banques de lancer l’activité des « Banques Participatives ».

Les nouvelles structures devaient voir le jour vers la fin de cette année. Rien de concret jusqu’à aujourd’hui, à part quelques annonces de la part de certaines banques de la place exprimant leur intention d’investir dans ce créneau. Des annonces très prudentes et la discrétion reste le mot d’ordre, comme a pu le constater l’Observateur du Maroc et d’Afrique lors de la préparation de ce dossier.

D’ailleurs ce sont pas moins de 18 demandes d’agrément qui sont déposées aujourd’hui auprès de la Banque centrale, émanant à la fois de banques marocaines et étrangères. Mais, à en croire Said Amaghdir le président de l’Association Marocaine pour les Professionnels de la Finance Participative Sharia Compliant (AMFP), les premiers agréments ne seront pas accordés avant décembre de l’année en cours. Un retard que Bank Al Maghrib impute à la conjoncture nationale et internationale actuelle, comme nous le confirme ce haut cadre de l’institution : « Nous devons d’abord nous assurer de la stabilité du marché financier». Une chose est sûre, selon les spécialistes de la finance, les banques participatives semblent promises à un avenir radieux et leur mise en service devrait grandement profiter à l’économie nationale. L’apport principal réside dans leur capacité supposée à attirer d’importants flux de capitaux étrangers, en particulier, en provenance des pays du Golfe. Des contrées qui sont traditionnellement orientées vers le financement islamique. Ce n’est pas tout, ce pan de la finance représente un levier supplémentaire et potentiellement puissant d’inclusion financière capable d’intégrer dans le circuit monétaire une bonne part de l’activité informelle évaluée de 25 à 30% du PIB marocain!

Le gisement de clients semble aussi important. Encore faut-il que l’offre soit compétitive pour que le projet tienne toutes ses promesses. C’est ce qui pourrait faire oublier le flop

de 2007.