Nelson Monfort : «Je suis un passeur d’émotion»
Nelson Monfort

Nelson Monfort n’est plus à présenter. Le journaliste sportif le plus célèbre de France a couvert les plus grandes compétitions internationales durant les trente dernières années.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Comment vous est venue l’idée d’écrire «Sport, mes héros et légendes» ?

Nelson Monfort : J’ai toujours été passionné par le sport. A un moment donné, je me suis dit je veux rendre hommage aux grands sportifs du monde ; ceux qui sont devenus, depuis plus de 100 ans, des héros et des légendes en marquant l’histoire et les cœurs. Je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure de l’écriture de ce livre, il y avait une forte présence de la lettre H qui revenait comme un leitmotiv. Elle était dans «honneur », «humanité», «humour» et «humilité». Quatre jolis mots de la langue française qui se sont transformés en un cinquième qui est «héros». Cette charge émotionnelle et humaine d’une lettre s’est transformée donc en un beau livre, «Sport, mes héros et légendes», dans lequel le champion marocain, Hicham El Guerrouj, a une place de choix.

Comment s’est fait le choix des héros et des événements présentés dans le livre ?

Le choix s’est fait par exploit et par sympathie. J’ai voulu faire un livre «personnel» fondé sur le feeling et l’affinité. On y trouve des héros très connus mais aussi des gens un peu moins connus mais que j’aime, que j’apprécie énormément et qui m’ont beaucoup marqué. Pas seulement par leurs prouesses sportives mais surtout par leur personnalité. Je pense particulièrement au navigateur français, Eric Tabarly, au grand pilote automobile brésilien, Ayrton Senna, au «Prince de la course automobile », François Cevert, tous m’ont touché par leurs succès et leur profonde humanité. En côtoyant des centaines de sportifs durant toutes ces années, j’ai développé une certaine habileté à détecter les véritables «êtres humains». Ces champions qui ont su gérer leur succès en l’empêchant de leur monter à la tête. C’est ça leur véritable exploit !

Votre livre ne se limite pas aux héros français…

Justement, je n’ai pas voulu faire un livre franco-français et limiter son étendue. Mon ouvrage est international. On y trouve des événements internationaux et des héros américains, marocains, australiens, africains, canadiens, chinois, japonais… le sport est par essence multiple, pluriel, d’où ce choix d’y citer toutes ces légendes venant des quatre coins du monde. La collecte des informations, leur tri et l’écriture du livre m’ont pris un an et demi. Les photos magnifiques fournies par les agences ont splendidement cristallisé toute l’émotion rédigée.

Quelle est la part autobiographique de votre ouvrage ? On devine ce côté personnel…

Je ne parle pas de moi dans ce livre. Mais c’est certain que les événements et les personnages sont racontés avec sensibilité, attachement et, parfois, avec un certain humour. Ce n’est pas un compte rendu de sport. Quand je raconte des héros tels Mohamed Ali Clay, Mike Tyson, Hicham Guerrouj, Abdellatif Benazzi ou Nadal, forcément j’y mets un peu de moi-même. C’est encore plus palpable lorsque je raconte, dans certains passages, mes anecdotes avec eux. Pour les anciens champions et les événements remontant à 1900 et des poussières, il était question de mes propres légendes, celles qui ont bercé mon imagination et façonné ma passion pour l’univers sportif. Dans ce livre ce sont 200 événements et 330 sportifs racontés et redécouverts par le cœur. J’ai toujours dit que, pour pratiquer le métier de journaliste, il faut aimer les gens pour pouvoir aller vers eux recueillir l’émotion et la faire passer.

Quels sont le héros et l’événement les plus marquants pour vous et qui sont cités dans ce livre ?

Il m’est très difficile de répondre à cette question et d’arrêter un choix sur un héros ou un événement en particulier. Toutefois j’ai toujours eu une fascination pour le monde de la mer et les sports aquatiques. Pour moi le navigateur, Eric Tabarly, premier vainqueur de la Transat en solitaire en 1964, est un héros des plus impressionnants. Le sprinter jamaïcain, Usain Bolt, est également un grand champion d’une humilité inouïe. Il est simple, humble et imbattable (jusqu’à maintenant) ; mais ça ne l’empêche pas de rester modeste. Ce qui est une chose rare dans le milieu des vedettes sportives. De leur côté, les Jeux olympiques 2012 de Londres restent pour moi «l’événement». Je n’ai jamais vu, durant toute ma carrière, un peuple aussi passionné par le sport que les Anglais. C’était extraordinaire de constater cet élan passionnel pour tous les sports dans les rues ou dans les stades. J’ai vu, à Londres, des gens faire 18 heures de queue pour assister à des compétitions de tir à l’arc ! Le marathon, dans les rues de Londres, a réuni 3 millions de spectateurs sur 45 km. C’était immense et inoubliable !