Islamistes marocains - Entre patriotisme et allégeances

Les islamistes marocains sont-ils patriotes ou obéissent-ils à l’agenda idéologique de mouvances étrangères ?

La question peut choquer, mais elle se pose plus que jamais. En tout cas, le débat est vif sur les réseaux sociaux, il est même violent parfois. D’un côté, les islamistes qui accusent les modernistes de pervertir la société marocaine et de l’autre, les modernistes pour qui les islamistes font reculer cette société. Bien entendu, tous les islamistes ne sont pas à mettre dans la même catégorie. Certains d’entre eux sont pour le progrès. Par contre, les autres qui inondent les réseaux sociaux de leurs prêches haineux, appelant parfois au meurtre, inquiètent. D’autant plus que le PJD, parti engagé socialement puisqu’il dirige le gouvernement, ne réagit pas aux prêches de ces extrémistes pour qui tout moderniste est un impie qu’il faudra combattre. Le chef du gouvernement a une grande responsabilité dans ce débat auquel il ne participe d’ailleurs pas. Au sein même de son parti ou du Mouvement Unité et Réforme opèrent des courants de pensées radicaux qui semblent plus proches des salafistes intégristes qui font prévaloir leur conception religieuse sur l’idée même de patrie et de la société. C’est là où réside le danger. Tant que le PJD ne clarifie pas sa position, il laissera planer le doute sur ses convictions réelles. Son Secrétaire général ne peut pas ignorer ce débat, même si à travers ses réactions sur certains sujets il paraît profondément humaniste et attaché aux valeurs de la société marocaine. Quand il a abordé la question des handicapés au parlement, son émotion était visible. Seulement, il oublie peut-être qu’il a une double responsabilité, en tant que chef politique d’une formation islamiste et en tant que chef du gouvernement de tous les Marocains dans toute leur diversité. C’est à ce titre qu’il doit clarifier sa position, celle de son parti et celle du MUR qui est le laboratoire idéologique du PJD. On aurait aimé voir les mouvements islamistes, toutes sensibilités confondues, y compris les plus extrêmes, se mobiliser pour des sujets d’intérêt national au lieu de dépenser leur énergie sur de faux sujets de société. Leur forte mobilisation pour des causes étrangères aurait été mieux employée à défendre des causes nationales comme celle de l’intégrité territoriale.