Des Français expriment leur solidarité avec les réfugiés

Depuis la publication de la photo du petit Aylan, les rassemblements se sont multipliés en France. Ils ont eu lieu à Vannes, Arles, Clermont-Ferrand, Nice, ou encore Toulouse. Mais l’un des plus imposants a été organisé, le 8 septembre, sur la place de la République, à Paris, et a réuni près de 10.000 personnes.

«Ouvrez les frontières !», «Ni quotas, ni charité, égalité des droits, liberté de circuler pour tous» ou encore «Charlie, où es-tu?», pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des milliers de personnes. D’autres agitent la photo du petit Aylan Kurdi, un Syrien de trois ans retrouvé mort sur une plage turque. Le petit corps de cet enfant, rejeté par la mer suscite une prise de conscience et agit comme un catalyseur. On parle déjà de cette photo comme étant historique, dans la lignée de celle de Kim Phuc, enfant vietnamienne, criant de douleur après avoir été brulée au Napalm en 1972. On pense également à la photo prise par Kevin Carter en 1993 au Soudan d’un enfant squelettique, avec un vautour en arrière plan, au moment de la guerre civile et de la famine.

«On ne peut pas fermer les yeux sur ce qui se passe. Il faut accueillir ces gens et arrêter de se poser des questions! Nous n’allons pas continuer à les laisser mourir, c’est une honte pour l’Europe!» s’insurge Michelle 60 ans.

Pour Ahlan, syrienne de 30 ans qui a quitté Homs il y a deux ans, le plus insupportable c’est l’indifférence : «Il y a des photos, des vidéos, des témoignages depuis quatre ans de ce qui se passe en Syrie et personne n’agit. Les pays du Golfe, l’Arabie Saoudite en tête, sont les pires». Elle ajoute en riant : «Ils ne veulent pas de nous? tant mieux! Nous non plus. Nous ne fuyons pas une dictature pour une autre. Nous, ce que nous cherchons, c’est la liberté».

Des associations comme SOS Racisme ont relayé l’appel au rassemblement du collectif citoyen. Pour Dominique Sopo, président de l’association, «c’est le plus bel hommage qu’on puisse faire à l’Europe, de vouloir venir y vivre». Il appelle les pays européens à prendre leur responsabilité, face à l’urgence de la situation : «Ce n’est pas parce que des pays refusent des réfugiés que ça exonère d’autres pays d’en accueillir». Pour le président de SOS Racisme, «la crise existe que parce que les Européens n’ouvrent pas les frontières, sinon il n’y aurait pas ces scènes à la frontière, dans les gares et sur les autoroutes. Ces scènes existent parce que ces gens ne sont pas accueillis».

Ce rassemblement, intitulé «#Pas en notre nom- #Réfugiésmigrantsdignité» est né sur Facebook. L’un des organisateurs, l"auteur et réalisateur Raphaël Glucksmann, fils du philosophe André Glucksmann explique à l’AFP que les gens «se demandaient comment faire pour exprimer quelque chose spontanément (...) dire non aux politiques migratoires répressives qui conduisent à la mort de milliers de personnes et oui à l’accueil». Depuis, des militants l’accuse de vouloir récupérer le mouvement et lui reproche sa proximité avec Bernard-Henri Lévy.