Syrie : Quelle solution?
Ahmed Charau00ef

La crise des réfugiés a impacté la diplomatie internationale et est en train de faire bouger les lignes de manière extraordinaire. Combattre Daech n’est plus un impératif sécuritaire, ou un engagement moral, mais surtout une nécessité géostratégique. Seulement, les frappes aériennes ont leurs limites et le seul moyen d’y arriver, c’est d’intégrer la Russie, l’Iran et les pays du Golfe dans une large coalition. Moscou est déjà engagée militairement, l’Iran l’était auparavant. Le problème, c’est le cas d’al-Assad. Poutine, est revenu au centre du jeu et il soutient mordicus le régime en place. Les USA et la France maintiennent leur position ; pas de place pour al-Assad dans la transition. Mais la question est : quelle serait alors l’alternative ? L’opposition, dite laïque ou démocratique, n’a pas de forte position sur le terrain. al-Nosra et Ahrar al-sham, sont des filiales d’al-Qaida. L’armée Libre Syrienne ne maîtrise que quelques villages et doit combattre l’armée officielle et Daech. Pire, l’issue politique est difficile à imaginer. La confessionnalisation des conflits est une réalité incontournable. Les atrocités, l’épuration ethnique, sont pratiquées par toutes les parties en conflit, sans exception, y compris les Kurdes. Les enjeux des pays de la région, sont loin d’être uniformes. Entre ceux qui ont soutenu les groupes islamistes, les groupes dits modérés et ceux qui ont préféré la neutralité, il y a de vraies divergences. Aujourd’hui, c’est toute la région qui est en danger de déflagration. Le Liban est au bord de l’éclatement et la crise syrienne y est pour beaucoup au travers de l’implication du Hezbollah et du flot des réfugiés. Ce pays a connu une guerre civile confessionnelle qui est dans toutes les mémoires. La Jordanie est hautement déstabilisée, le Bahreïn ne tient que grâce à la présence saoudienne. L’Irak ne se porte pas mieux que la Syrie, puisque son Etat central ne contrôle qu’une infime partie de son territoire. Là aussi, la guerre est confessionnelle. Dans ce contexte, au vu de ce que devient ce paysage, la raison veut que l’Iran et la Russie soient reconnus comme acteurs qu’il serait puéril de traiter en ennemis, personne n’étant capable de leur faire la guerre. Il faut donc négocier. Sur la question syrienne, les voies diplomatiques empruntées jusqu’ici ont été une impasse, justement parce qu’elles n’associaient pas des acteurs principaux, au nom du refus de traiter avec al-Assad, dont on prévoyait une chute imminente. La donne a changé, non pas parce que le tyran syrien est devenu fréquentable, mais parce qu’une coalition avec ses alliés est la seule issue raisonnable. La solution, c’est une conférence internationale sur la Syrie, qui permettrait de se donner les moyens de combattre, d’éradiquer Daech et ses semblables, mais aussi de préparer une transition politique pour les Syriens. Il ne faut surtout pas détruire ce qui reste de l’Etat Nation. C’est possible, en assurant à la famille al-Assad une porte de sortie et en sauvegardant un rôle pour la nomenklatura dans la période de transition, sinon, on reproduira les erreurs commises en Irak et en Lybie. Il faut que la communauté internationale établisse une feuille de route conséquente, mais surtout lisible, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Or, dans cette guerre, il faut convaincre les différentes opinions publiques, parce qu’elle sera longue, coûteuse et déterminante pour la région, mais aussi pour la sécurité internationale.