Piqûres de rappel
Ahmed Charau00ef

Mme Mounib a été l’invitée, sur Med Radio, de l’émission Kafasse Al Ittiham (Boxe des accusés). Elle a été, de mon point de vue, époustouflante. On ne discute pas là des opinions, du positionnement du PSV , mais de la cohérence d’un discours et de la manière de le transmettre. Le coeur des questions concernait le voyage en Suède et les rencontres pour défendre l’intégrité territoriale. Nabila Mounib a balayé toutes les critiques, y compris celles issues de membres de son parti. Elle a pris la décision d’y aller après avoir consulté les membres de son bureau politique, ceux qui travaillent, pas ceux qui ne viennent jamais aux réunions, dit-elle. Elle a expliqué, que vis-à-vis des interlocuteurs suédois, elle a développé l’argumentaire de son parti sur l’affaire du Sahara, attaché à la démocratie, au respect des droits de l’Homme dans le cadre de la régionalisation avancée. Quand au populisme qui sous-tend la question de l’hôtel et du billet d’avion, elle y a répondu par une boutade et ces reproches ne méritaient pas plus. La dame, droite dans ses bottes, défendait une certaine idée du Maroc et elle l’a fait avec le brio qu’on lui connait, tout en martelant ses propres convictions. Nous avons besoin, en ces temps troubles, de ce genre de piqûres de rappel. S’il y a une exception marocaine, c’est celle-là. Nous sommes tous attachés, dans notre diversité à la maison commune, le Maroc. Parce que cette nation est pétrie d’histoire, elle n’a pas besoin de séminaires ou de conférences nationales pour déterminer les consensus qui fondent notre vivre ensemble et surtout notre devenir commun. Le patriotisme n’est pas un vilain mot. Nul ne peut revendiquer le monopole de l’amour de ce pays, de sa capacité à se projeter dans l’avenir en respectant son histoire. C’est la même approche qui doit présider à l’action de tous les acteurs politiques, dans le respect de la diversité de leurs choix politiques, sociétaux ou même religieux. Pour réussir, la construction démocratique a besoin de ce socle commun solide, qui permet la compétition, même acharnée et dure, mais dans l’unité. Dans d’autres pays, ce ne sont pas les règles démocratiques qui font défaut, mais ce sentiment d’appartenance qui fonde une nation, la hiérarchie des allégeances étant inversée, la tribu, l’ethnie, le parti, étant placés devant la nation. Au Maroc, l’extrême majorité des courants de pensée sont en phase avec le peuple, ils sont patriotes avant tout. La question du Sahara est stratégiquement fondamentale. L’intégrité territoriale est une question de vie ou de mort pour les Marocains qui refusent que leur pays se transforme en une «île» assiégée. Les courants politiques ne font que répercuter cette conviction. Néanmoins, parce que nous sommes une nation attachée à la paix et à la stabilité de la région, nous adhérons à une solution politique, celle proposée par le Maroc, sous forme d’autonomie élargie. Nabila Mounib a apporté sa touche personnelle. La seule femme chef de parti a fait honneur à ses camarades. Son discours est à l’image de son parcours de militante de l’ex-OADP . Sans concession aucune, elle a défendu ses convictions pas à pas. Elle a dénoncé ce qu’elle considère comme des erreurs de gestion, en particulier sur le plan diplomatique. Elle a donné la preuve que les politiques, quand ils sont des militants, qu’ils ont des convictions et qu’ils savent les défendre, peuvent convaincre.