Impulsion royale
Ahmed CHARAI

Le dernier programme de développement, portant sur 6,5 milliards de dirhams d’investissement, lancé par Le Roi Mohammed VI renforce un effort exceptionnel, qui a concerné le Nord et le Nord-Est, depuis le début du nouveau règne. Cet effort a été consenti pour diverses raisons. D’abord, c’était une question de justice. On parlait à l’époque de réhabilitation, parce que ces régions ont longtemps été le parent pauvre de l’investissement public. Mais il y a aussi des impacts géostratégiques.

Grâce à la rocade méditerranéenne et à Tanger Med, le Maroc a pu éliminer l’impact de la fermeture des frontières avec l’Algérie, en évitant l’asphyxie de l’Oriental. Les infrastructures installées ont permis d’attirer des investissements étrangers, notamment dans le secteur automobile, mais aussi dans les services.

Les opportunités se sont multipliées grâce à la politique africaine du Maroc, qui en fait, un hub pour le continent noir. Nous sommes donc face à un plan stratégique où le volontarisme politique s’est appuyé sur le réalisme économique, pour que la dépense publique soit réellement au service du développement régional et par ricochet, du développement national. L’usine Renault, par exemple, a tiré vers le haut tous les équipementiers et a préparé le terrain à l’installation de PSA à Kénitra et à la création d’un nouveau port atlantique.

Cette stratégie, sous impulsion royale, peut et doit être dupliquée. Le nouveau découpage régional a visé l’homogénéité des régions, pour permettre, justement, l’émergence de véritables pôles de développement. Les nouveaux chefs de régions, dotés de prérogatives très importantes, auront pour rôle, avec leurs équipes, de définir les projets allant dans le sens de l’amélioration de l’attractivité des territoires.

Pour y arriver, il leur faut retrouver la maîtrise de l’aménagement du territoire. Sans cette maîtrise, leur action ne peut qu’être incohérente, et les résultats ne peuvent suivre. Ensuite, comme dans toute gestion, il faudra renforcer les atouts et réduire les contraintes. C’est un chantier immense parce que, c’est ce développement régional qui réduira les inégalités territoriales et diffusera les fruits de la croissance sur tout le tissu social. Ce chantier en imposera, nécessairement, d’autres. On peut penser à celui de la fiscalité locale, qui ne peut être uniforme dans une vision de régionalisation avancée, ou encore au cadre juridique des sociétés mixtes.

Ce chantier est un enjeu essentiel pour le pays. Les joutes politiques ayant accompagné les dernières élections n’ont aucunement concerné les projets pour la région. On ne peut que les déplorer, parce que c’est une occasion de relever le niveau du débat public qui a été ratée. Les citoyens auraient pu être sensibilisés à l’originalité de la nouvelle organisation administrative.

Espérons simplement que les élus, les présidents de région en tête, assumeront pleinement leurs prérogatives, en bonne intelligence avec l’autorité centrale et son représentant, le Wali. Le bon fonctionnement de cette collaboration est essentiel, même si le président élu est devenu l’ordonnateur.

Ce qui a été réalisé en quinze ans au Nord et dans l’Oriental est exceptionnel. Cela a le mérite de l’exemplarité. Quand la volonté politique est là, que toutes les énergies se mobilisent, on arrive à se donner les moyens de sa politique. C’est la recette d’un succès qu’il est conseillé de copier, en l’adoptant à toutes les régions.