Quelle déception, ce Cembrero !

J’ai vu le journaliste espagnol Ignacio Cembrero au tribunal et j’avoue que j’ai eu du mal à cadrer le personnage avec l’idée qu’on s’en fait à travers ses écrits. Craintif, mal à l’aise, il suivait la séance en se rongeant les ongles. J’aurais pu lui dire deux mots pour faire baisser sa tension évidente n’était son attitude hostile, comme si on était des ennemis de sang. Nous n’étions pourtant que des justiciables normaux dans une affaire de presse.

Il se targue d’avoir été totalement blanchi par le tribunal madrilène de la plainte que portait contre lui l’éditeur marocain Ahmed Charaï, sauf que le tribunal n’a pas tranché sur le fond de la plainte pour diffamation, ayant conclu que le journaliste n’a pas apporté les preuves de ses assertions. Pourtant, le fait qu’Ahmed Charaï ait choisi de porter l’affaire devant la Justice espagnole aurait pu le rassurer, l’éditeur marocain ayant préféré s’en remettre à une justice qui a toute sa confiance dans un pays qu’il admire et où il compte de nombreux amis.

Pourtant les accusations que Cembrero a portées contre Ahmed Charaï ne sont pas anodines et leur préjudice moral et matériel peut être aisément compris. Le juge madrilène agit dans le cadre d’une démocratie qui respecte la liberté d’expression, mais son jugement n’absout pas Cembrero au regard de la déontologie. Pour un journaliste, ne pas apporter de preuves est un échec total du point de vue professionnel. Le fait que le juge conclue que la mauvaise foi n’existait pas est sujet à débat mais, on le comprend, il est difficile de déterminer cette mauvaise foi. Il est néanmoins à déplorer que des journalistes abusent de cette faille si l’on peut dire.

J’aurais aimé que le journaliste Cembrero reste digne, n’oublie pas l’image qu’il essaie de donner de lui-même, et attende la fin de tout le processus juridique pour crier victoire, car, pour moi, il y a une certaine satisfaction à être confronté un gros calibre. Ce n’était pas le cas puisque Cembrero avait surtout peur du jugement. Il savait certainement que ses attaques n’étaient fondées sur rien de concret. Sa haine viscérale de tout ce qui est marocain l’a mal orienté. Quoi qu’il en soit, l’affaire n’est pas close, il y aura une suite et le journaliste devra répondre sur le fond. Mais qu’on soit d’accord c’est sans rancune.