La nouvelle marche
Ahmed Charau00ef

Le 6 Novembre 1975, trois cent cinquante mille Marocains traversaient la frontière imposée par le colonisateur, démontrant l’attachement des Marocains à l’intégrité territoriale et annonçant la récupération des provinces du Sud, pacifiquement, dans une symbiose nationale qui a créé l’événement et qui reste unique dans les annales. Depuis, le Maroc s’est fixé comme premier objectif d’aider les populations à améliorer leur niveau de vie. Les investissements publics, colossaux, ont permis aux provinces récupérées, de rattraper celles du Nord en termes d’infrastructures. Il s’en est suivi un mouvement de sédentarisation et d’urbanisation, lui aussi, unique dans l’Histoire de l’humanité. Depuis, les questions se posent autrement. Le Conseil économique, social et environnemental avait déjà proposé un nouveau modèle de développement qui permettrait à ces régions un développement intégré, par la mobilisation des ressources locales, mais aussi par l’intensification de l’investissement privé, national et international, en améliorant l’attractivité. Aujourd’hui, on annonce un plan de 140 milliards de dirhams d’investissements. C’est tout simplement énorme. Les provinces sahariennes, comme ce fut le cas pour le Nord et l’Oriental, vont changer de physionomie et entrer dans une nouvelle ère. Ces choix ne sont pas hasardeux. Ils s’inscrivent dans une vision Royale, celle de faire de la régionalisation avancée le levier d’un développement qui, en réduisant les disparités sociales et territoriales, accroît les potentiels de croissance au profit de tous les citoyens. C’est l’essence même du projet national, porté par le Roi Mohammed VI, de manière explicite, depuis son accession au trône. Cette vision est en parfaite adéquation avec la position marocaine sur le conflit factice, quant à la souveraineté. Quand le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé aux «parties concernées» d’émettre des propositions qui permettent de sortir de la crise, le Maroc a proposé le projet d’une autonomie régionale élargie. Le Polisario et son sponsor l’Algérie bloquent toute issue en se cramponnant à l’idée d’un référendum qu’ils ont eux-mêmes rendu impossible. Le processus d’identification pour délimiter le corps électoral a été interrompu suite aux manoeuvres visant les unionistes. Depuis plus de vingt ans, le Conseil de sécurité de l’ONU ne fait que constater le blocage. Malgré toutes les manoeuvres, il a refusé d’étendre le mandat de la Minurso aux questions des droits humains et maintient le mandat de base. Mais le statu quo n’est en faveur de personne. Le contexte régional est explosif. Le terrorisme, installé dans le Sahel, menace tous les pays, y compris ceux du pourtour méditerranéen. Le trafic de drogue et l’émigration clandestine se sont construit des autoroutes dans ce no man’s land. Et surtout, l’intégration économique régionale est devenue l’unique moyen pour résister aux secousses d’une crise internationale, dont on n’a pas fini de mesurer les effets. Les populations stationnées à Tindouf sont les plus à plaindre. On a tous vu les effets ravageurs des dernières inondations. Un événement semblable en 2005 avait poussé des centaines de jeunes dans les rangs d’Al Qaida, via un exode massif, à fuir vers Zouerate en Mauritanie. Pour cette jeunesse, il n y a aucune perspective. Contrairement à ce que garantit le statut de refugiés, ils n’ont droit ni à la libre circulation ni au travail. Le séparatisme n’est plus une option pour la majorité d’entre eux. Mais leur direction s’enferme dans un schéma qui n’arrange que les calculs, hérités du passé, de quelques cercles algériens. Cette désespérance est à prendre en charge rapidement, par humanisme d’abord, mais aussi parce qu’elle est porteuse de dangers potentiels. C’est une responsabilité de toutes les puissances qui s’intéressent à ce conflit. L’Europe, surtout les pays du Sud de la Méditerranée, mais aussi les USA qui savent que l’éradication du terrorisme aura plus de chances si ce conflit factice est résolu. Pour les diplomaties de ces pays, il faut impérativement dépasser la stratégie des équilibres, par souci pour des intérêts mercantiles, en faveur d’une vision plus globale, qui ferait de l’espace maghrébin un socle de stabilité et de croissance économique, au profit de tous. Le Maroc démontre une nouvelle fois que lui, a une vision stratégique. Les provinces sahariennes, les instances élues, auront les moyens d’une expansion, même pas rêvée. L’autonomie élargie se met en place, de manière constitutionnelle. 40 ans après la Marche Verte, le monde a changé, le visage du Sahara et la société sahraouie aussi. Il est temps, que ce conflit prenne fin !