Du service public
Ahmed Charau00ef

L’Etat a des fonctions régaliennes tournées vers la satisfaction des besoins de ses citoyens, la préservation de la stabilité et de la sécurité, et la permanence des valeurs communes. Etre serviteur de l’Etat c’est participer à son oeuvre essentielle. Etre en charge d’un aspect exécutif, issu de l’expression populaire, est un honneur, mais aussi un sacerdoce, car aux obligations de l’Etat, s’ajoute celle de la fidélité aux électeurs. L’engagement en politique est un acte vertueux de citoyenneté, quand l’implication dans la chose publique est motivée par l’adhésion à un projet de société, à des propositions sur les problématiques posées au pays et à une vision de la manière d’assurer la cohérence de ces propositions lors de leur éventuelle mise en oeuvre. L’ambition n’est plus alors strictement personnelle, puisqu’elle se rattache à un projet collectif. L’ambition est légitime quand elle signifie l’envie de prendre sa part dans la réalisation d’un projet collectif, pour lequel on s’est engagé en politique. Elle est mesquine quand elle ne vise que la promotion sociale de celui qui la porte. Servir la chose publique devrait suffire à l’épanouissement de l’individu engagé politiquement, quand cet engagement est sincère. Les à côté matériels, rattachés à la fonction ne peuvent être en eux-mêmes le mobile de l’ambition. Ce que l’on attend de ceux qui ont fait ce choix, à la base admirable, c’est de rivaliser en ingéniosité, en compétence, pour répondre aux problèmes du pays et aux attentes des citoyens, chacun à sa place, et collectivement pour ce qui est transversal. Au Maroc, les problèmes les plus graves sont connus : une éducation en faillite, un accès aux soins difficiles, et enfin un modèle économique essoufflé et qui ne trouve pas de ressort pour une relance. Quel défi fantastique pour celui qui a accepté de servir la chose publique que de concourir, dans le cadre de ses compétences à la résolution de ces problèmes, participant ainsi au développement de son pays et à son émergence définitive. C’est un challenge qui donne sens à une vie de militant. Encore faut-il que l’action soit visible et les résultats palpables. Le gouvernement actuel est issu d’élections qui ont donné une nette avancée au PJD, dans le cadre de la nouvelle constitution. Or, aucune promesse électorale n’a été tenue. La croissance à 7%, le SMIG à 3000 DH, on n’y est pas. Le combat contre la rente s’est limité à une publication de listes sans lendemain, le soutien direct a été abandonné en cours de route, le RAMED est en panne. L’affaire des remous suscités par les déclarations d’une ministre sur la retraite des parlementaires doit être revue à cette aune. Il est clair que la forme n’y était pas, mais c’est le fond qui interpelle. Les électeurs ont la conviction et non pas l’impression que les politiques ne sont habités que par leurs propres intérêts matériels et qu’ils ne se sentent pas concernés par les problèmes de la population. On peut trouver ce diagnostic excessif et parfois injuste, pour ceux qui se comportent en hommes d’Etat, qui laissent dépérir leurs affaires pour se mettre au service du bien public. Heureusement ils existent... Si la classe politique veut renouer avec l’ensemble de la société, elle doit revenir aux valeurs fondatrices de l’engagement dans les affaires publiques et se débarrasser des tumeurs qui la rongent, telles que l’individualisme, l’aspiration à la rente, le clientélisme ou pire le népotisme. Il n’y a pas de démocratie sans démocrates et le démocrate défend des idées, des intérêts collectifs et pas un maroquin.