La Samir, est-ce la fin de la crise ?

La Samir qui a vécu l’une des plus pires crises de son histoire récemment, serait sur le point d’arranger les choses à l’amiable. L’attentisme et l’inquiétude restent de mise.

Entre dettes colossales, redevances envers les clients, saisie conservatoire des biens et conflit social, La Samir est dans l’impasse. La pression monte surtout chez les salariés. «On ne comprend pas pourquoi l’Etat marocain n’arrive toujours pas à trouver une issue au problème de cette raffinerie. Ce retard nous pénalise tous et impacte tout le secteur énergétique», proteste l’un des cadres de l’entreprise. Une lueur d’espoir : les réunions vont bon train depuis quelques jours entre les experts désignés par le tribunal de commerce et les créanciers, notamment les banques auxquelles la raffinerie doit quelques 8 milliards de dirhams. Récemment le Crédit du Maroc a ouvert le bal des négociations. Objectif : fixer le montant des créances dues à la banque et arrêter un échéancier répondant aux intérêts des deux parties. D’après nos sources, les autres créanciers seront convoqués prochainement avec le mot d’ordre : trouver une solution à l’amiable. Puisque rappelons le, le 30 octobre 2015, Corral, actionnaire de référence de la SAMIR, a présenté une requête devant le tribunal de commerce de Casablanca pour obtenir un règlement à l’amiable avec les banques créancières. Le 20 Janvier en cours, le processus est enclenché suite à la décision du tribunal du 31 décembre 2015.

En revanche il faut le dire, les banques sont loin d’être les seules créancières. La douane marocaine, et l’entreprise américaine Wilshire Corporation réclament aussi leurs dus. Une vente aux enchères a été prévue mi-janvier. Mais elle n’a pas eu lieu. Les salariés à leur tour, restent inquiets quant à leur sort. D’après un membre du syndicat relevant de la CDT, «la situation demeure inquiétante. L’Etat fait la sourde oreille. Et nous n’avons aucune visibilité quant à notre avenir ». Ainsi, le front syndical ne compte pas rester les bras croisés. Un énième sit-in des salariés est prévu cette semaine pour faire entendre leurs doléances.

OBG tire la sonnette d’alarme

Selon les analystes de l’Oxford Business Group (OBG), l’année 2015 n’a pas été rose pour le secteur énergétique marocain. Si le pays a profité de la conjoncture internationale de baisse des prix des combustibles, il n’en demeure pas moins que la crise que connait La Samir engendre une indépendance totale aux produits importés. Cette situation ne semble pas par contre, déranger les distributeurs dont l’avis est unanime «l’arrêt de l’activité de La SAMIR ne nous a pas impacté. Au contraire nous avons transformé la crise en une opportunité pour améliorer la qualité des combustibles proposés aux citoyens. Puisqu’aujourd’hui, «on n’importe que le 10 ppm, largement meilleur à celui disponible chez La SAMIR», assure Philippe Montantême, directeur de la stratégie, du marketing et de la recherche de la branche marketing&services de Total. Et d’ajouter «tous les distributeurs disposent de stocks de sécurité qui leur permettent de satisfaire la demande sur le marché marocain ». L’OBG estime que La consommation nationale est estimée à 300.000 bj au cours du dernier trimestre 2015. Avec l’espoir que fait renaître ce règlement à l’amiable, serait-ce alors la fin d’une série noire ? «La sortie de la crise est tributaire soit d’un plan de relance clair ou un plan de vente définitive à un autre investisseur », note le cadre supérieur. Le ministère de l’énergie et celui des finances campent sur leurs positions. «Pas de chantage », ne cessent de répéter les ministres à tour de rôle. «Il faut que l’Etat assume ses erreurs du passé », commente Mehdi Lahlou, économiste. D’ailleurs, le chef de gouvernement Benkirane vient de le reconnaitre. En réponse à une intervention du conseiller de l’Istiqlal, Fouad Kadiri, le chef du gouvernement a concédé que l’Etat a fait une double erreur concernant la SAMIR: «il ne fallait pas privatiser la SAMIR et encore moins la céder à un étranger». « Le mal est fait, maintenant il faut agir pour sauver ce qu’il reste à sauver », conclut Lahlou.