Ayoub Qanir: « Au Maroc, on a besoin de films qui fassent rêver ! »

Passionné de Science fiction, le réalisateur maroco-américain nous parle de sa BD sur la Marche verte et de sa nouvelle épopée artistique et futuriste « Le premier Marocain dans l’espace » prévue pour la fête de la jeunesse.

Vous avez fait une BD sur la marche verte, c’est un peu un retour à vos origines artistiques ?

C’est sûr, la BD est une de mes premières passions, quand j’avais 7 ans, je dessinais moi-même, je créais des BD de 20 pages, vous imaginez !

Pourquoi une BD sur la Marche verte ?

La BD est un moyen très rapide d’impacter les gens. L’objectif, c’était d’en faire un film, j’ignorais qu’ils étaient déjà en train d’en produire un. En fait, avec cette BD, je voulais introduire l’idée à travers un moyen accessible, toucher les jeunes, et en même temps, proposer notre idée du film. Les grands classiques comme The Avengers ou Spiderman étaient des BD avant ! Si on ne peut pas faire un film qui coûte des milliards, on peut faire une BD qui coûte 30 000 euros, pour au moins lancer l’idée, sonder l’avis des gens, et puis, c’est aussi un moyen de trouver des sponsors, c’est un langage furtif et une préparation au film. D’ailleurs, on a distribué gratuitement la BD partout dans le pays et récemment, j’ai fait une tournée dans les orphelinats à Kénitra, où j’ai distribué des livres et signé quelques uns ; on a parlé aux jeunes, c’est important de leur donner l’espoir, leur montrer que malgré leurs conditions difficiles, rien n’est impossible. En plus, j’avais fait plusieurs BD avant, j’ai pleins de contacts dans le milieu, comme Marvel, …En fait, je voulais faire un film grandiose, historique au Maroc, à l’américaine, d’une grande qualité technique, un truc qui touche tous les Marocains, et en même temps faire découvrir aux jeunes leur propre histoire. En plus, ça coïncidait avec les 40 ans de la célébration de la Marche verte, donc, c’était parfait.

Vous avez été décoré par le Roi Mohammed VI. Quel a été votre sentiment ?

C’était imprévisible. On m’a dit à la dernière minute que j’allais présenter mon projet, on a invité l’artiste de chez Marvel qui a travaillé avec moi, qui est venu de Tokyo, c’était impressionnant, même mes parents ignoraient que j’allais décoré du wissam, ils ont pleuré, ils étaient émus, … J’ai adoré Sa Majesté, c’est quelqu’un de très humble, il y avait une interaction incroyable, quand j’ai ouvert le coffret où se trouvaient les 3 BD de la Marche verte en berbère, arabe et français, il m’a dit : « c’est ça le projet de la Marche verte avec Marvel !», j’étais ravi, puis il m’a dit : « j’ai une collection très importante de bandes dessinées, et votre travail nous honore », … c’était touchant, ça m’a fait énormément plaisir, D’ailleurs, les grands de ce monde comme Barak Obama, Bill Gates ou Steve Jobs, sont des fans de BD et respectent énormément ce médium !

Vous revenez pour la 2e fois au festival de Marrakech pour présenter votre roman graphique « Le 1er marocain dans l’espace », qui sera décliné en jeu vidéo puis en film. 

Oui, j’ai bossé dur depuis la dernière fois, je ne suis plus rentré chez moi aux USA depuis mai dernier, j’ai jonglé entre le Maroc, l’Espagne et l’Europe, Berlin, Belgique, l’Ecosse, Cannes, l’Italie, Qatar, en développant deux idées à la fois. En fait, pour mes projets, j’ai toujours cherché l’originalité, je veux trouver une nouvelle niche, créer un nouveau milieu, une nouvelle cible. Vous savez, je suis un grand passionné de Sciences, je suis l’actualité scientifique au quotidien, je suis au courant de la loi spatiale, des conquêtes, des nouveaux programmes de la Nasa, je suis sensible à tout ce qui est intra univers, donc, tout cela est naturel pou moi. Je voulais lancer un projet scientifique au Maroc pour montrer que les Marocains sont aussi capables d’accomplir des choses grandioses. Je suis incapable de faire des comédies ou des séries ramadanesques ! Le domaine où j’excelle et que je maîtrise bien, c’est la fantaisie, la science fiction, en plus, ces sujets manquent cruellement au Maroc, on devrait penser à réfléchir à des sujets comme Transformers, Trésor national, le seigneur des anneaux, Pirate des Caraibes, des sujets qui font rêver.

Vous vendez du rêve à la jeunesse marocaine ?

C’est exactement ce que je veux faire, et c’est prévu pour la fête de la jeunesse, 21 août 2016. Dans mon roman, un de mes personnage est la « Fondation Royale pour l’exploration spatiale »,  j’espère qu’un jour, on pourra avoir une organisation de cette envergure, avoir notre propre Nasa au Maroc, pouvoir dialoguer avec les agences internationales d’exploration spatiale, et pourquoi pas la Nasa. D’ailleurs, il y a déjà 2 ou 3 cadres marocains qui bossent à la Nasa, l’objectif de ce roman graphique, c’est aussi de lancer de nouvelles idées et de faire découvrir aux jeunes des scientifiques du calibre de Rajaa Cherkaoui, présidente de l’Académie Mohammed VI des Sciences. J’aimerais qu’elle soit un des personnages de mon roman graphique, pour que les jeunes comprennent que l’idée d’un Marocain dans l’espace n’est pas si lointaine que cela, que les Marocains sont en train de faire des petits pas. Je voudrais que les jeunes s’intéressent de plus en plus aux milieux quantiques, physiques, futuristes, à la nano technologie, …

Et par rapport au casting ?

J’ai choisi Assaas Bouab pour interpréter le rôle principal parce qu’il a une certaine sensibilité et une naïveté dans le regard, c’est quelqu'un qui inspire confiance, un peu à l’image de Brad Pitt. Mohammed Khouyi, pour moi, c’est un peu  l’Al Pacino ou le Robert de Niro du Maroc, il a beaucoup de classe, il incarne la sagesse et le public lui fait confiance. Et en plus de Hafid Stitou, je voulais avoir aussi des visages jeunes, frais et innocents comme Amina Coghlan ou Ouidad Elma. J’ai aussi tenu à avoir des acteurs étrangers de renommée internationale comme Duran Fulton Brown qui tourne le nouveau Jason Bourne, David Baillie qui a joué dans Pirates des Caraibes, ou Holt Mc Callany qui vient de faire un film avec Tom Cruise, et Michael Mann. Ce sont des gens avec qui j’ai déjà travaillé dans Artificio Conceal, ils soutiennent le projet parce qu’ils me font confiance, surtout que nous n’avons pas beaucoup de ressources pour démarrer le projet ! De plus, la touche américaine et anglosaxone est primordiale parce que c’est le meilleur moyen pour le Marocain d’exporter ses idées.