Bochra Belhaj Hmida : « La parité doit être horizontale »
Bochra Belhaj Hmida, Pru00e9sidente de la Commission des droits et libertu00e9s et relations u00e9trangu00e8resn

'L’ex députée tunisienne du parti Nidaa Tounes nous parle des limites de  la parité verticale qui empêche les femmes d’accéder aux postes décisionnels.'

Comment la transition démocratique en Tunisie a profité à la parité parlementaire ?

Pour la 1ère fois en Tunisie, après 60 ans de parti unique au pouvoir, il y a un parlement représentatif de différentes tendances et courants politiques. Le fait d’imposer la parité au niveau des listes électorales, c’était une bataille réelle qui a été menée par les femmes dans la rue. A l’époque, c’était très important d’atteindre 30% parce qu’aujourd’hui, c’est plus, vu qu’il y a des hommes qui ont été remplacés et le fait que les femmes puissent réellement participer aux décisions politiques a été un grand pas en avant. Cela dit, nous restons un peu frustrées car, la parité a été faite de manière verticale, aujourd’hui, elle doit être horizontale, c-à-dire les têtes de liste doivent être aussi des femmes. La loi qui a été votée stipule que sur chaque liste, il y ait une parité, mais on n’a pas eu de femmes en tête de liste, seulement 5 ou 6 sur toutes les listes électorales. Donc la prochaine bataille consistera à s’assurer qu’il y ait des femmes aussi têtes de liste, et à égalité, c’est la bataille qui va être menée lors des élections municipales, qui auront lien la fin de cette année.

En tant que parlementaire, quelles sont les difficultés que vous vivez actuellement ?

Malgré les lois et la Constitution, au sein du parlement, les femmes sont rares comme présidentes des commissions, elles ont rarement la possibilité d’être dans les positions de décision. Il faut que les mentalités changent parce que sur la question des femmes, il n’y a pas de différence entre les partis conservateurs et progressistes. Les partis quelque soit leur idéologie ne supportent pas que les femmes soient à l’avant.

Vous venez de démissionner du Parti Nidaa Tounes, parti fondé par Béji Caïd Essebssi.

Oui, j’ai démissionné dernièrement car les mêmes problèmes se trouvent dans un parti comme le notre, qui se dit progressiste ! Qu’il s’agisse de partis d’extrême gauche ou de partis conservateurs, lorsqu’on traite des droits des femmes et surtout de la parité, les blocages sont transversaux.

Qu’est ce qu’il faut faire pour pallier ce problème ?

Il faut que les femmes au sein du parlement, indépendamment de leur appartenance politique, se mettent d’accord sur une stratégie commune.

Le Quartet du Dialogue National ayant reçu le Prix Nobel de la Paix en 2015 comprenait une femme parmi ses membres.

Oui, après la révolution, il y a eu des conflits très aigus entre le parti conservateur qui a gagné aux 1ères élections, les islamistes, et les autres partis. C’était un combat sociétal et c’est le Dialogue National qui a permis de travailler en paix dans la différence, grâce à la société civile.