Axel Camil Hachadi « Je veux être un artiste complet »

'Le jeune saxophoniste et compositeur Axel C. Hachadi partage avec nous sa passion pour le jazz et nous parle de son 1er album « News from the after life » : un opus mêlant standards revisités et compositions personnelles alliant une ambiance à la fois sereine et tourmentée.'

Né à Paris en 1989, dans une famille de mélomanes, Axel C. Hachadi s’initie au saxophone à l’âge de 7 ans. Vers l’âge de 15 ans, il se découvre une passion pour le jazz et l’art de l’improvisation. Après avoir fini avec brio son cycle de classique au Conservatoire de Paris, il suit des cours d’arrangements, se produit dans quelques clubs de jazz du Quartier latin avant de s’envoler pour les USA où il étudiera le jazz au prestigieux Berklee College of Music à Boston. Primé dans de nombreuses compétitions de musique classique et de jazz, il a joué avec des sommités du jazz comme Minino Garay, Terryline Carrington, Archie Shepp, André Ceccarelli, Ramon Lopez, Louis Clavis ou Majid Bekkas et a participé à plusieurs festivals de jazz : Paris, Amiens, Saint-Quentin , Jazz à Rabat, Cheverny, Jazz sous l’arganier à Essaouira (décembre 2015). Vivant entre Paris et Casablanca, l’artiste en quête d’identité musicale, s’apprête à sortir son 1er album « Nouvelles de l’Au-delà ».

L’observateur du Maroc et d’Afrique: Vous avez commencé à jouer de la musique très tôt ?

Axel Camil Hachadi : Oui, ce sont mes parents qui m’ont poussé très jeune à faire de la musique, surtout mon père, j’ai été initié à l’âge de 3 ans, puis à 5 ans, c’était le solfège et à 7 ans, j’ai commencé le sax. Mon père est un grand fan de musique, il construisait des guitares quand il était jeune, il est très doué, il m’a toujours poussé à faire de la musique, c’est un fan du jazz et de moi (rires).

Pourquoi le saxophone ?

J’ai commencé à l’école de musique de Pantin à Paris, il n’y avait pas d’école de sax à l’époque, à 6 ans, c’est moi qui ai décidé que je voulais en jouer. En fait, mon père m’emmenait à des concerts et j’ai accroché, puis ça me parlait plus que les autres instruments, on m’avait proposé le piano, mais c’est le sax qui m’intéressait !

La 1ère impression ?

Tu transpires beaucoup, ce qui était frustrant c’est que 3 mois après avoir commencé, mes dents du devant étaient tombées, donc, j’ai dû arrêter le temps que ça repousse. A 12 ans, au collège, j’ai fait les horaires aménagés au Conservatoire National Régional, j’ai commencé le classique, je suis passé à l’Alto, et parallèlement, je faisais les ateliers de jazz, j’étais attiré par le son du classique.

Pourquoi le jazz ?

A partir de 12 ans, j’ai commencé à m’y intéresser et à prendre des cours. A 15 ans, j’allais jamais en cours, j’avais du mal à apprendre, je voulais juste jouer, je n’arrivais pas à comprendre la théorie, le solfège,…

Mais pour quelqu’un qui venait du classique, ça devait couler de source ?

J’ai commencé à être dans le mood à 22 ans. Je suis parti à Berklee et là, j’ai commencé à faire vraiment du jazz. A 16 ans, je repiquais les phrases, je n’arrivais pas à comprendre toutes les formules, les accords !

Vous cherchiez quoi dans le jazz ? le côté impro ?

Oui, il n’y a pas le côté rigoureux du classique où chaque note compte, cela dit, ça m’a aidé au niveau de la facilité technique. Dans le classique, il n’y a qu’à lire la partition et l’interpréter, ce qui est difficile, c’est d’avoir sa propre interprétation, tout comme le jazz, ce n’est pas juste regarder les nuances dans la partition, c’est du savoir faire transmis de prof à élève.

A quel moment avez-vous décidé d’en faire une carrière ?

J’ai toujours su que je voulais faire carrière dans le jazz, mais disons qu’à 20 ans, les choses ont commencé à se préciser. Après le Bac, j’ai étudié l’architecture pendant quelques mois, ça ne m’a pas plu, puis, j’ai eu mon prix du classique au Conservatoire et en parallèle, j’étais au Conservatoire du 9e, j’ai étudié avec André Villeger, qui a longtemps accompagné Henri Salvador, il a toujours cru en moi.

Les saxophonistes qui vous ont influencé ?

John Coltrane, Charlie Parker, sinon, j’ai beaucoup été influencé par le son de Stefano Di Battista, d’ailleurs, un des points forts dans la musique, c’est le son.

La scène, c’est important pour vous ?

Ça me permet de jouer avec des musiciens reconnus mondialement et qui sont plus forts que moi, ça me permet d’avoir une discipline et des exigences très élevées. Ça t’apprend à gérer la pression, à déchiffrer, à jouer, à lire la musique, à s’adapter. Je reste toujours concentré sur la musique, et jamais sur le public.

A 22 ans, vous décrochez une bourse et partez étudier au Berklee College of Music à Boston.

Oui, j’ai étudié pendant 3 ans puis pendant une année, j’organisais des sessions de jam dans des clubs de jazz à Boston et New York, mais, c’est très difficile de se faire sa place là-bas. J’ai réussi à tisser mon petit réseau c’est pour cela qu’il ne faut pas tarder pour y retourner, car au niveau du jazz, tout se fait là bas. Mais je garde toujours un piédestal ici.

Dans votre album « Nouvelles de l’au-delà », on vous sent en quête d’identité musicale ?

Oui, c’est mon 1er album en tant que leader, on y trouve des originaux d’autres artistes, et des standards revisités et réarrangés, il y a même 2 morceaux qui n’étaient pas prévus, qu’on jouait au studio et que j’ai intégré, par la suite, il n’y a pas vraiment d’identité musicale, ce n’est pas une oeuvre uniforme, c’est plutôt un album promotionnel. Le morceau principal de l’album «La vie après la mort», est en 2 parties, une partie plus sombre et abstraite, et une 2e plus rythmique. En plus, le fait d’avoir invité un de mes profs de Berklee, George Garzone à jouer avec nous, ça a fait le buzz sur Youtube, on a eu 46 000 vues en 3 semaines ! Le prochain album sera plus uniforme et plus logique, musicalement parlant.

Avec Majid Bekkas, vous découvrez un style nouveau?

Oui, j’avais joué avec lui il y a 5 ans, on s’était rencontré au Pietri à Rabat lorsque je jouais avec le bassiste feu Wassel, on a fait quelques concerts, avec Ramon Lopez, Louis Sclavis…Majid est plus centré sur la musique Gnaoua, et le style marocain et oriental en général évoque pour moi mes origines, ma double nationalité. Ça demande beaucoup de travail, il faut se conditionner dans le style musical en question, tu ne vas pas improviser de la même manière ; les quart de ton, les gammes arabes, …c’est un conditionnement d’une vie, et quand tu t’orientes vers ce genre de style, c’est très difficile de revenir vers le classique ou le jazz !

Vos ambitions pour l’avenir ?

Je veux être un musicien complet, faire de la performance, composer pour les films, les orchestres, diriger, tourner, je cherche ma voie mais j’aime beaucoup la composition. Tout m’intéresse, les compositions classiques, le jazz, la production musicale, j’ai composé des morceaux de jazz acoustiques, électros, j’adore l’électro progressif de Flying Lotus, le neveu de Coltrane. J’ai déjà composé pour des courts métrages aux USA, et là, je travaille sur un projet musical pour le nouveau film de la réalisatrice Selma Berghach ✱