Le Maroc riposte à Ban Ki-moon
Une vue de la ru00e9union du 14 mars 2016.

Sur très hautes instructions du Roi Mohammed VI, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar, s’est rendu, le 14 mars 2016, à New York, afin de rencontrer le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon. A cette occasion, le ministre a remis une lettre au Secrétaire Général détaillant les protestations officielles du Gouvernement marocain au sujet de ses déclarations inacceptables et de ses agissements inadmissibles durant sa récente visite dans la région. Un communiqué du département des Affaires étrangères a été publié à la suite de cette rencontre. Les détails.

Au cours de son entretien tenu au siège de l’ONU, Mezouar a fait part au Secrétaire Général de la dénonciation ferme et du rejet total par le Royaume du Maroc, son peuple et l’ensemble de ses forces vives, de ses propos inadmissibles et de ses actions condamnables au sujet de la question du Sahara marocain, lors de sa récente visite en Algérie.

Les autorités marocaines considèrent que de tels agissements sont incompatibles avec les responsabilités et la mission de Secrétaire général qui l’astreignent à un devoir d’objectivité et d’impartialité et au respect du référentiel établi par les organes de l’ONU.

Il a été rappelé en particulier à M. Ban Ki Moon que le terme «occupation» utilisé pour qualifier la présence du Maroc dans son Sahara est une ineptie juridique et une erreur politique grave. En effet, aucune résolution du Conseil de Sécurité n’a utilisé une telle terminologie. L’emploi de cette référence constitue ainsi une insulte au peuple marocain et à une Nation qui a consenti de lourds sacrifices pour recouvrer progressivement son indépendance et défendre son intégrité territoriale.

De même, le recours au référendum évoqué pour résoudre ce différend régional a été balayé par l’histoire et écarté par le Conseil de Sécurité. Depuis 2004, le Conseil plaide exclusivement pour la recherche d’une solution politique négociée, sur la base «du réalisme et de l’esprit de compromis».

Les tentatives inacceptables de travestir le statut de la zone à l’est du dispositif de défense, ainsi que le traitement sélectif et l’attitude complaisante à l’égard de la situation humanitaire dans les camps de Tindouf ont été également évoquées.

Lors de la réunion, Mezouar a réitéré l'urgence pour le Secrétaire Général de ne pas verser dans les tentatives dévoilées et visant à s’attaquer à l’initiative marocaine d’autonomie qui garde toute sa prééminence dans les résolutions du conseil de sécurité. Il lui a été demandé de clarifier publiquement ses positions pour restaurer un climat de confiance et de respect mutuel.

Or, au lieu de respecter les engagements exprimés lors de cette réunion, le communiqué publié par le secrétariat général rajoute à l’offense initiale, un nouvel outrage au peuple marocain qui n’avait fait qu’exprimer spontanément son rejet face à tant de dérapages et d’irresponsabilités.

Le Royaume du Maroc s’indigne de voir le Secrétaire Général contester le droit légitime et démocratique d’un peuple et de ses forces vives, à exprimer librement ses opinions et ses réactions.

En quoi l’exercice d’un droit individuel et collectif consacré par la constitution marocaine constituerait-il une offense à la personne du secrétaire général, surtout lorsqu’il s’agit d’une réaction fondée à des propos et des actes qui touchent profondément chaque citoyen marocain du nord au sud ?

Comment peut-on à ce niveau de responsabilité réduire l’Organisation des Nations Unies à l’affect personnel du secrétaire général ?

En conséquence et face à cette dérive dangereuse,  le Gouvernement du Royaume du Maroc a décidé les mesures immédiates suivantes :

. Une réduction significative, dans les jours qui viennent, d’une grande partie de la composante civile et plus particulièrement le segment politique de la MINURSO;

. L'annulation de la contribution volontaire qu’accorde le Maroc au fonctionnement de la MINURSO;

. L’examen des modalités de retrait des contingents marocains engagés dans les Opérations de Maintien de la Paix.

. Le Royaume du Maroc se réserve le droit légitime de recourir à d'autres mesures, qu'il pourrait être amené à prendre, pour défendre, dans le strict respect de la Charte des Nations Unies, ses intérêts supérieurs, sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Pour rappel, le gouvernement marocain avait déjà réagi, le 8 mars 2016, aux dérapages verbaux de Ban Ki-moon. Dans un communiqué officiel, il a exprimé les plus vives protestations contre les propos du Secrétaire Général sur la question du Sahara Marocain. «Inappropriés politiquement, inédits dans les annales de ses prédécesseurs et contraires aux résolutions du Conseil de Sécurité, ces propos outrageux blessent les sentiments de l'ensemble du peuple marocain».

S’agissant aussi bien du déroulement de la visite de Ban Ki-moon, que du contenu des déclarations prononcées, Le gouvernement constate que le Secrétariat Général s’est départi de sa neutralité, de son objectivité et de son impartialité, affichant ouvertement une indulgence coupable avec un Etat fantoche, dépourvu de tous les attributs, sans territoire, ni population, ni drapeau reconnu.

Le Maroc regrette, en outre, que le Secrétaire Général ait cédé au chantage des autres parties en procédant à des faits accomplis, en violation des engagements et des garanties données au Royaume par ses plus proches collaborateurs, de s'opposer à toute manipulation de ses déplacements.

«Le Secrétaire Général s'est malheureusement laissé instrumentaliser pour donner crédit à des prétentions fallacieuses des autres parties», lit-on dans le communiqué.

Par ailleurs, le gouvernement constate avec stupéfaction que le Secrétaire Général a utilisé le terme «occupation» pour qualifier le recouvrement par le Maroc de son intégrité territoriale ce qui déroge de façon drastique avec la terminologie traditionnellement utilisée par les Nations Unies s’agissant du Sahara Marocain. «L’usage d’une telle terminologie est sans fondement politique ou juridique et constitue une insulte pour le Gouvernement et le peuple marocains. En outre ce type de dérapage sémantique porte dangereusement atteinte à la crédibilité du Secrétariat Général des Nations Unies. Il faut espérer dans l’intérêt du processus de facilitation onusien qu’il ne s’agisse là que d’un lapsus».

Le gouvernement constate aussi avec grande surprise que le Secrétaire Général n'a pas daigné soulever la question des violations massives des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf en Algérie, y compris les cas de trois femmes sahraouies séquestrées depuis plus d'un an, dont il est régulièrement saisi tant par les victimes elles-mêmes, que par les Organisations Internationales des droits de l'Homme.

Enfin, il regrette qu'au moment où le Secrétaire Général projette d'organiser une conférence des contributeurs à l'aide humanitaire aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, il n'a à aucun moment évoqué, lors de sa visite, deux questions préjudicielles. «La première est l'impératif du recensement de ces populations auquel il a lui-même appelé dans plusieurs de ses rapports, et qui est requis tant par le droit humanitaire international, que par toutes les résolutions du Conseil de Sécurité depuis 2011.

La seconde est le détournement avéré depuis quatre décennies, de l'aide humanitaire internationale destinée aux populations de ces camps, confirmé par les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l'Office de lutte anti-fraude de l'Union Européenne (OLAF)».

Et le gouvernement de conclure : «Loin d'atteindre l'objectif déclaré du Secrétaire Général durant cette visite, de relancer les négociations politiques, l'ensemble de ces dérapages risque de les compromettre, à quelques mois de la fin de son mandat».