Festivals et identité : La vérité
Ahmed Charau00ef

Depuis la naissance des festivals, souvent organisés lors du printemps, nous avons eu droit à des débats abscons, autour d’une prétendue menace sur l’identité nationale, alors qu’il s’agit de l’inverse, ou encore du rapport coûtimpact, qui est une vision réductrice. Ces débats ne prennent pas en considération que sur tout le territoire, le phénomène est bien installé. Chaque ville, chaque petite localité a désormais son festival. Et qu’y célèbre-t-on ? La culture, le patrimoine régional. Souvent ces festivals existent depuis longtemps, mais ne sont médiatisés que depuis peu. Il en est ainsi pour celui de Tétouan, réservé au cinéma, de Tan-Tan, de Tiznit, ou encore celui réservé à la poésie de Chaouen. D’autres, naissants, avec des concepts originaux, sont en train d’assurer leur pérennité. L’objectif n’est pas uniquement le divertissement. Ce n’est pas le cirque romain où il s’agissait de détourner le peuple des problèmes. C’est un point de vue totalement discrédité par la réalité. De même, l’impact touristique n’est pas décisif et n’est même pas prouvé. Ces événements sont réellement un élément de la cimentation de l’identité. Ils permettent aux individus de se projeter dans une image de leur cité. Les Souiris assument leur histoire, celle d’un carrefour entre les civilisations. Ils n’ont jamais eu la possibilité de connaître, d’apprécier, de revendiquer la spécificité de leur cité, que depuis que les festivals de Gnaoua, des alizés, des atlantiques, y sont organisés. Il suffit de se rendre dans cette ville pour constater l’impact du culturel sur le comportement des gens. Le risque de l’uniformisation n’est pas porté par les festivals. Ils sont au contraire le moyen de valoriser le patrimoine, non pas de manière renfermée, mais plutôt en constituant une ouverture à l’autre, à l’environnement, liée à l’histoire. C’est extrêmement important pour la formation du citoyen, pour l’équilibre des individus, l’accès à la culture, aux arts, diminue les frustrations, les sentiments de rejet. Se concevoir comme partie d’un récit optimiste fonde un engagement sociétal, une perception plus optimiste du monde, la fierté d’une appartenance valorisée par des événements à retentissement. Ce sont ces impacts qui sont les plus importants. Le Marocain se vit comme le dépositaire d’une histoire, d’une culture, d’un patrimoine commun. Il célèbre son particularisme dans le cadre de la diversité marocaine. C’est un socle de stabilité extraordinaire. Cette force réelle doit être préservée. Il nous faut une action culturelle qui ne se limite pas aux festivals, mais assure une animation continue. Il faut sortir des débats vaseux et s’offrir une politique prospective.