Covid-19 : La situation en Inde ralentira la vaccination dans le monde
Les grands rassemblements populaires et l'apparition du nouveau variant causent menacent l'Inde

La situation épidémique catastrophique en Inde peut entrainer le ralentissement de l’opération de vaccination anti-Covid-19 au niveau mondial, comme l’affirme le chercheur Tayeb Hamdi.



L’impact de la situation épidémique en Inde ne sera nullement limité au seul territoire indien. Tout au contraire, elle aura de lourdes répercussions au niveau continental et mondial, comme l’affirme les experts. Le pays enregistre actuellement de 300 à 400 mille nouveaux cas quotidiennement et plus de 3000 morts en 24 heures. Des chiffres alarmants à plus d’un titre. D’après Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, la crise sanitaire en Inde, considérée comme le laboratoire de la planète, ralentira le processus de vaccination dans le monde.



Hors contrôle



Rappelons que le nouveau variant indien a été détecté au début d’octobre tandis que la campagne de vaccination a démarré en mi-janvier. « Mais les mesures individuelles et collectives appropriées pour cerner le variant et pour contrôler l’épidémie par la vaccination large et rapide, n’ont pas été prises », diagnostique le chercheur cité par le site Kifache.com. Championne du monde de la fabrication des vaccins, l’Inde a mis au point ses propres vaccins anti Covid-19 ; pourtant à l’heure actuelle, elle n’avait vacciné que moins de 9% de sa population.

Tentant d’expliquer cette explosion épidémique en Inde, Hamdi évoque deux causes principales : L’apparition d’un variant Indien du Sars cov2 et les grands rassemblements religieux, socioculturels et politiques tenus en Inde ces dernières semaines. Des meetings catalyseurs pendant lesquels on a fait fi des mesures barrières individuelles et collectives et on a favorisé les flambées épidémiques dans le pays, comme l’explique le spécialiste.



Flou et incertitude



Quant à la contagiosité du nouveau variant, même si les experts s’accordent sur le fait qu’il sera plus contagieux que la souche classique de Wuhan, ils ne savent pas encore à quel point et à quelle vitesse se propage-t-il. Considéré comme le double mutant, le variant indien porte une mutation semblable à celle portée par le sud-africain et le brésilien. L’OMS l’a classé comme VOI (variant of interest) et non pas encore VOC (variant of concern, variant préoccupant) comme c’est le cas pour le britannique, le brésilien et le sud-africain, qui sont classés préoccupants, en attendant des données plus solides.

« On ne sait pas à ce jour si ce variant est plus dangereux ou pas, aucune étude jusqu’à présent n’a prouvé cette supposition », ajoute Tayeb Hamdi. Ce dernier note d’ailleurs la grande incertitude planant sur l’efficacité des vaccins actuels contre le variant indien. « Une étude récente a montré que le vaccin indien Covaxin produit par Bharat Biotech, est moins efficace sur le variant indien. Pour les autres vaccins les recherches sont en cours », ajoute le chercheur. Ce dernier prévoit d’ailleurs une aggravation de la situation en Inde dans les mois à venir avec la multiplication des décès par quatre ou plus. « L’Inde a un seul moyen pour abréger cette crise et d’éviter le pire : Décréter un confinement général pendant plusieurs semaines, comme le conseille l’expert américain Anthony Fauci », note Hamdi.

Impact



Quant à l’impact de cette situation sur le reste du monde, le chercheur évoque trois niveaux : La transmissibilité augmentée des variants favorise leur propagation dans les pays d’origine mais également partout dans le monde. « Plus un virus se propage et se multiplie, plus le risque de voir d’autres mutations plus graves émerger », prévient-t-il. Produisant 60% des vaccins, l’inde est le laboratoire du monde en matière de fabrication des médicaments. « Avec cette crise, l’Inde a besoin de plus de vaccins pour cerner l’épidémie chez elle, ce qui va entrainer le ralentissement de la vaccination au niveau mondial », regrette Tayeb Hamdi.

Ce dernier note que le Maroc devrait recevoir des vaccins AstraZeneca fabriqués en Inde, « ces livraisons seront retardées. Heureusement que plus des deux tiers de notre commande globale ne concernaient pas le vaccin AstraZeneca fabriqué en Inde », commente le chercheur, en insistant sur le maintien de la vigilance et du respect des mesures barrières pour éviter que la situation ne dégénère au Maroc comme c’était le cas en Inde.