Sara Tekaya « Queen of queens »

Elue Miss Queen of queens au Liban, la comédienne engagée franco-marocaine, 26 ans, connue pour son rôle Joudia dans « Ahlam Nassim » partage avec nous sa passion pour la comédie et le 7e art.

 

Ça vous fait quoi d’être la nouvelle Miss Queen of queens ? C’est ma mère qui m’a inscrite à ce concours de beauté, car elle a vu que ça pouvait être un tremplin pour moi pour me faire connaître au Moyen-Orient. En fait, ils ne cherchaient pas seulement une miss, mais quelqu’un qui avait un potentiel pour avoir une carrière future, et moi, j’avais le profil idéal. J’avais déjà tourné un film en France « Piste noire » de Jalil Naciri, qui a été présenté à Cannes en hors compétition ; j’avais gagné le prix de meilleure comédienne à Perpignan pour mon rôle dans la pièce théâtrale « Le mariage arrangé » qui cartonne depuis 2 ans dans toute la France. C’est une pièce où on parle d’islam et où on se moque d’Al Qaida, du terrorisme... et qu’on va essayer de jouer au Maroc. Je suis fière d’avoir représenté mon pays en France et maintenant au Liban et j’espère bientôt aux USA. En fait, en tant que comédienne, mon but c’est de donner une autre image de la femme musulmane d’aujourd’hui et surtout marocaine, qui à mon sens, est très jalousée.

Justement, quelle image souhaiteriez-vous véhiculer ? L’image de la femme libre, forte et qui travaille, et celles qui affirment que la femme marocaine n’a pas d’autre choix que d’être prostituée ont tort parce qu’elle a justement le choix de bosser, et avec le travail et la persévérance, on arrive à tout. Je ne cherche pas l’argent facile, je voudrais montrer une autre image à ces terroristes qui, à mes yeux, ne sont pas des musulmans. La femme musulmane est capable de réaliser beaucoup de choses, avec respect. Si un jour je devais tourner une scène osée dans un film américain, je vais essayer de la négocier car une scène peut être suggérée avec plusieurs angles de vue. Le problème de certains marocains, c’est que des fois, ils oublient que c’est du cinéma ! On ne va pas changer les mœurs mais on peut essayer de les améliorer.

A quel moment vous avez su que vous vouliez être comédienne ? Quand j’étais petite fille, j’étais trop timide et à 14 ans, j’ai découvert les 1ers sketchs de Gad El Maleh, dont « La vie normale », et je trouvais que son style me ressemblait beaucoup. Lorsque la directrice de mon école a vu que je l’imitais si bien, elle m’a proposé de faire des cours de théâtre en activité extrascolaire. Après, j’ai fait 3 ans à l’Actor’s Studio à Paris et 2 mois de stage à New York ; je suis rentrée au Maroc, j’ai tourné dans le film de Brahim Chkiri « La cible » (2010). Après, j’ai fait « Amnesia » avec Ali Tahiri qui a été projeté au festival de Tanger ; c’est là où j’ai rencontré plusieurs réalisateurs dont Adil Fadili et Ali Tahiri qui m’a proposé le rôle de Joudia avec O. Lotfi, Y. Migri, S. Lemejarred, M. Khouyi, ...

Ça vous a fait quoi de côtoyer tous ces grands sur le plateau ? J’étais honorée et même bénie ! C’était une chance de jouer avec tous ces gens, j’étais terrorisée mais j’ai énormément bossé. J’ai pris le scénario de 30 épisodes en arabe, sachant que je ne lisais pas l’arabe à l’époque, d’ailleurs, ça ne fait que 4 ans que je le parle ; j’ai demandé à Amine Naji de me traduire le texte, et pendant 3 mois, je me suis entraînée dur pour être à la hauteur. Quand je tourne, ce n’est pas moi, je joue un personnage. Je m’instruis beaucoup avant de tourner, je regarde des films, de séries qui se rapprochent du personnage, je fais une étude sur moi-même avant de faire une étude sur le rôle !

Ça représente quoi pour vous le fait d’être actrice ? Pour moi, c’est une drogue. Quand je ne tourne pas, je suis déprimée. J’ai la capacité de jouer plusieurs vie dans une vie, j’ai fait la messkina, la psychopathe, la policière... J’aimerais bien jouer une motarde, une James girl…

Qu’est ce qui vous attire dans un rôle ? C’est plutôt le réalisateur et l’équipe du film qui m’attirent. Il y a bien sûr le scénario mais tous les réalisateurs avec qui j’ai joué m’ont donné de la liberté de jouer comme je le sentais.

Vous préférez le cinéma, le théâtre ou la télé ? Tout. Au théâtre, c’est génial quand le public rigole à tes vannes, quand tu lui parles et qu’il réagit ; le cinéma, c’est un autre univers, les mouvements des caméras, le son, les maquilleuses…; et les séries télévisées aujourd’hui sont comme des films, y a qu’à voir « Orange is the new black » !

Et le stand up, ça vous dit ? Oui, mais j’attends un peu de mûrir et d’avoir plus confiance en moi. Pour l’instant, je suis en train de faire des capsules de comédie avec Amine Berradi, pour que les gens me découvrent dans des rôles de comédie. J’adore la comédie parce que c’est moi, c’est spontané. Je voudrais incarner des rôles de composition, des rôles qui vont marquer ; j’aimerais qu’on me voie quelque part où on ne m’attend pas ! Et la scène m’a beaucoup aidé pour l’improvisation.

Vous pensez qu’on peut rire de tout ? Oui, on peut rire de tout avec subtilité, je pense que c’est avec de l’humour qu’on peut dénoncer des choses, avec des messages subliminaux et comprendra qui pourra. Dans ma pièce, on lance beaucoup de pics mais certains ne les comprennent pas vraiment. On dit que les humoristes sont des personnes très intelligentes car ils font passer les vrais messages.

C’est important pour vous ce côté engagé ? Ah oui, je suis vraiment une artiste engagée, sur mon Facebook, Instagram, j’essaie de répondre à tout le monde. Souvent, les gens me reprochent d’être une pute parce que je suis actrice ! Moi, je prône le message de la paix, je suis musulmane pratiquante, je fais ma prière, je jeune, mais je ne porte pas le hijab, j’aime bien la mode. J’essaie de véhiculer l’image d’une femme marocaine, musulmane, pratiquante et qui peut être jolie et porter des choses jolies.

En France, vous êtes marraine de SOS MEITE, une association qui vient en aide aux plus démunis (sans-abris, orphelins,…). C’est une cause qui vous tient à cœur ? Oui et on fait la même chose au Maroc. J’ai choisi d’aider l’Association de Hay Hassani car souvent, on aide les petits et on oublie les grands ! Mon but 1er dans la vie, ce n’est pas le cinéma, j’aimerais qu’après ma mort, les gens soient heureux et se souviennent de moi comme une femme bien et généreuse.

Des acteurs qui vous inspirent ? Hanane fadili, pour ses innombrables personnages, Gad El Maleh... j’aime bien le charisme de Bradley Cooper, d’Adrien Brody et d’Angelina Jolie.

Vos projets : j’ai été prise pour le prochain film du réalisateur tunisien Firas Boga « The hate », avec Wiam Dahmani et Taim Hassan ou Ahmed Saqqa. C’est une romance dramatique, entre Bollywood et Hollywood, il y aura beaucoup de chants, de danses... C’est la 1ère fois qu’on me propose un rôle où je vais chanter et danser, c’est un peu un rêve qui se réalise. Le tournage commence en octobre, entre l’Allemagne, Abu Dabi et Dubai. Grâce à mon manager en France Pierre Marcel Blanchot, j’ai des castings aux USA (Los Angeles) et grâce à ma directrice au Proche-Orient, j’ai des projets de films franco-libanais, et même kurdes. En septembre, je suis aussi invitée d’honneur dans un défilé de caftan à Los Angels.