Bassima Hakkaoui invente un nouveau délit de presse

Publier les résultats d’une étude effectuée par un ministère peut valoir quelques ennuis avec la Justice. La chose paraît bizarre mais c’est ce qui s’est réellement passé entre la ministre de la femme, de la famille et de la solidarité, d’une part et Mokhtar Laghzioui, le directeur de publication d’Al Ahdath Al Maghribia, d’autre part.

L’une accuse l’autre de divulgation des résultats d’une étude réalisée par son département sur le handicap. La ministre, Bassima Hakkaoui irritée de voir les résultats ainsi publiés avant qu’elle le décide a créé un précédent grave pour la liberté de la presse. Le directeur de publication a été effectivement entendu par la police judiciaire à Casablanca, lundi 15 août, alors que la ministre assure que son but est moins de punir le journal que de découvrir le « traitre » dans son département qui a fuité l’étude. Normalement c’est un problème interne au ministère et une enquête interne aurait suffi.

Une question est donc légitime : Pour qui est faite cette étude ? Si elle est faite pour les Marocains qui la financent avec leur argent, où est le problème ? A moins qu’elle ait un autre objectif et d’autres destinataires.

On sait que le PJD, le parti auquel appartient la ministre, ainsi que tous les politiciens islamisants n’aiment pas Al Ahdath Al Maghribia pour ses positions en faveur de la liberté et de la modernité. A quelques semaines des élections législatives ce mouvement de la ministre a-t-il un sens ? Peut-être qu’elle voulait garder les résultats de l’étude pour elle et son parti. C’est possible. Peut-être que tout simplement, elle n’est pas au courant de cette chose qu’on appelle le droit à l’information. Peut-être encore qu’elle voulait se réserver la restitution des résultats et en tirer le bénéfice politique lors d’une petite cérémonie.

Que va-t-on faire donc de cet article 1 du Code de la presse ? "Les citoyens ont droit à l’information. Tous les médias ont le droit d’accéder aux sources d’information et de se procurer les informations de sources diverses, sauf si lesdites informations sont confidentielles en vertu de la loi". Cette étude sur le handicap est-elle confidentielle ? A-t-elle une quelconque relation avec la sécurité nationale et la défense ? Absolument pas. Le journaliste n’a pas seulement le devoir de chercher les informations, mais il doit le faire pour informer le public. Le public qui finance tous les ministères qui doivent lui rendre des comptes.