Vague de froid en Europe. Une opportunité pour les agriculteurs marocains?
Les fruits à noyau, grandes victimes des vagues de froid en Europe

La France, l’Espagne, l’Italie…de nombreux pays européens ont été touchés récemment par des vagues de froid et de gel dévastatrices pour les productions agricoles notamment celles des fruits à noyau. Les exportateurs marocains pourraient sauver la situation.



«Les températures inhabituellement douces du mois de mars, et les épisodes de gel du début de mois d’avril qui ont touché plusieurs pays européens ont eu des effets néfastes sur les cultures et récoltes à venir », explique Lahoucine Adardour, président de l’association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel) avant d’ajouter que «cela pourrait booster les exportations vers le marché européen pour combler les lacunes ».

En France, c’est la panique. A cause des épisodes de gel, le pays prévoit la perte cette année de la moitié de sa production de fruits soit un manque à gagner évalué à près d’un milliard et demi d’euros. Pour le ministre de l’agriculture français, Julien Denormandie « Ce sont plusieurs centaines de milliers d’hectares – je dis bien centaines de milliers d’hectares – qui ont été impactés » et c’est « probablement la plus grande catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle ».

Grands perdants, les fruits à noyau



Globalement, la moitié des arbres fruitiers en France, toutes espèces confondues, ont été touchés par le gel, les fruits à noyau comme les cerises, les pêches et les abricots en pâtissent le plus. Selon la présidente de la Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF), Françoise Roch, les pertes sont aussi importantes en raisins de table et en prune. Pour les nectarines, les producteurs ne se sont pas encore prononcés. En outre, Les fruits rouges comme les fraises et les framboises, ont été épargnés. Cette baisse drastique au niveau de la production va entrainer la rareté des produits et donc l’impact est inévitable sur les prix. Le ministre de l’agriculture français le reconnait. De son côté Françoise Roch a expliqué que « Quand on n’a que 30 % de fruits à récolter, la cueillette coûte plus cher. C’est normal que le producteur vende plus cher pour tenir compte de ses pertes et de tous les frais engendrés. Elle a ajouté aussi qu’il faut s’attendre à l’augmentation des produits étrangers dans les rayons pour combler le vide. «Les produits viendront peut-être de plus loin comme de Grèce, de Turquie, du Maroc... », avance t-elle.

Une opportunité à saisir



Les producteurs marocains se frottent alors les mains. Pour eux, il s’agit d’une opportunité à saisir. D’autant plus que «les produits marocains sont déjà exportés sur ces marchés et jouissent d’une bonne notoriété en terme de qualité », souligne le membre de la fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel), Lahcen Boulguid. Lahoucine Aderdour, lui, note que la France ou encore l’Espagne, figurent en tête des destinations des fruits et légumes marocains. Et les exportateurs sont prêts à satisfaire la demande en surplus en provenance des pays touchés par cette vague de froid. Aussi, selon les données de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Royaume est classé dans le top 20 mondial des principaux pays producteurs de pêches et de nectarines. Il occupe la 18ème place avec une production qui est passée de 14.000 tonnes en 1969 à 157.893 tonnes en 2018, soit une croissance annuelle moyenne de 5,84%. Pour les abricots, le pays vient dans le top 15 mondial avec une superficie qui était en 2018 de 11.153 hectares et une production de 101.612 tonnes. Le Maroc est le 13ème producteur mondial d’abricots et 3ème en Afrique, après l’Algérie devançant également la Tunisie, la Libye et l’Afrique du Sud. Concernant les prunes et prunelles, le FAO estime que la production est passée de 5.000 tonnes en 1969 à 205.222 tonnes en 2018, avec une croissance annuelle moyenne de 10,29%, ce qui vaut au Maroc sa place dans le top 10 des principaux pays de ces fruits à noyau.