L’Afrique de l’Est, une région en marche
Ahmed Charau00ef

Le Roi du Maroc a entamé une visite au Rwanda, en Tanzanie et en Éthiopie. Trois pays qui symbolisent une région, l’Afrique de l’Est, en pleine évolution. Les taux de croissance y sont élevés, les institutions internationales y louent les efforts de bonne gouvernance et la stabilité y est réelle.

Le Rwanda est sorti par le haut de l’un des conflits génocidaires les plus graves de l’histoire de l’humanité. Le pays s’est reconstruit sans haine, ni vengeance et a surtout fait les bons choix. C’est un pays qui affiche des résultats impressionnants sur les plans de la connectivité, de l’éducation, en plus du taux de croissance de 8% en moyenne sur la dernière décennie.

La Tanzanie joue, discrètement, un rôle essentiel dans la stabilité de la région, par sa diplomatie active, tout en s’inscrivant dans une démarche de bonne gouvernance, d’ouverture des marchés, de développement durable.

L’Éthiopie a des réussites économiques remarquables. Il y a vingt ans, ce pays était aux prises avec des famines récurrentes. Il est aujourd’hui l’un des centres de croissance les plus crédibles en Afrique.

Le Rwanda a un conflit latent avec la France, au sujet du génocide. Les autorités accusent Paris, au minimum d’avoir laissé faire, au pire de complicité active. Ce conflit a poussé Kigali à l’ouverture vers le monde anglo-saxon. Mais l’intelligence de Kagame, c’est de ne pas couper les ponts. Les entreprises françaises sont toujours présentes et participent à l’essor économique de son pays. La visite royale ne peut se résumer à un seul aspect. Elle est nécessairement porteuse d’une vision globale.

Le Maroc est géographiquement et historiquement plus proche de l’Afrique de l’Ouest. La stratégie du développement Sud-Sud ne peut se résumer à ce contexte. L’Afrique de l’Est, par sa stabilité, sa bonne gouvernance, offre des opportunités de coopération bénéfique qu’il faut absolument saisir. L’Europe ferait une erreur monumentale en n’appréciant pas, à sa juste valeur, le rôle que le Maroc peut jouer en tant que hub pour l’ensemble du continent. La France, en particulier, devrait se saisir de cette fenêtre. Mais réduire la diplomatie royale à l’économie serait une faute.

Ces trois pays d’Afrique de l’Est ont fait le choix de la démocratie. Peut-être pas au niveau des standards occidentaux, mais ce sont des régimes élus, bénéficiant d’un très large soutien des populations. Les trois Etats sont impliqués dans le soutien à la stabilité régionale, à la paix. Enfin, leurs expériences, en particulier en matière d’accès aux nouvelles technologies de l’éducation, sont dignes d’intérêt et pourraient inspirer nos décideurs. En s’ouvrant à l’Afrique de l’Est, au plus haut sommet de l’Etat, le Maroc, concrétise sa vision.

Kigali a réuni 194 pays, il y a quelques semaines, sur un thème précis de l’environnement, avant la COP22. C’est une puissance diplomatique montante. La coopération avec cette capitale est une aubaine.