DOUZI «La musique rapproche les cultures et les religions »

A 31 ans, le chanteur algéro-marocain connu pour son tube « Douni Lebladi » et sa reprise « La3youn 3iniya » a su séduire grâce à son style mêlant sons du Maghreb et rythmes Pop-éléctro, un large public cosmopolite. Pour sa 1èreparticipation au Concert pour la Tolérance*, l’artiste engagé nous parle du rôle de l’artiste dans la lutte contre les préjugés.

Vous avez chanté à l’international dans plusieurs concerts contre le racisme en faveur de l'intégration. Mais cette année, c’est la toute première fois que vous chantez au Concert pour la Tolérance à Agadir. Oui, c’est un honneur pour moi d’être présent ici parmi les stars internationales et de chanter pour une cause noble comme la tolérance. Au moment où le monde est en train de traverser une phase agitée et violente, nous, on essaie d’apaiser les gens avec de la musique, c’est un langage universel noble qui rapproche les peuples, les cultures et les religions, et c’est ce vivre ensemble qui caractérise notre pays. De plus, c’est génial de chanter devant le public gadiri qui est chaleureux et très ouvert musicalement et culturellement parlant.

Vous pensez que la tolérance est en une valeur qui en en train de se perdre, surtout après les événements qui se sont produits en France ? Bien sûr, toute cette violence qui se produit dans le monde nous déserre. Les gens regardent les infos à la télé, et malheureusement, la seule image qu’on leur véhicule est celle de l’Arabe terroriste, or, lorsqu’on passe ce genre de message ou qu’on participe à ce genre d’événement, on leur dit qu’on n’est pas les mêmes. La musique nous réunit dans la joie et la bonne humeur, et ça, c’est une preuve de tolérance. Ma reprise de Laâyoun 3aniyya, c’est une chanson des Marocains, ses paroles véhiculent un message de paix, ce qui veut dire qu’on n’est pas tous les mêmes. C’est triste ce qui se produit dans le monde, et malheureusement, on ne nous donne pas suffisamment d’opportunités pour montrer qui est réellement le Musulman, le Marocain ou l’Arabe. Les médias nous bombardent d’informations négatives sur les Arabes, les Maghrébins…mais vous savez, certains européens ne connaissent pas vraiment nos pays, ils croient qu’on vit encore dans le désert avec des chameaux et des tentes…ces gens là vivent dans leur bulle et ignorent qui on est réellement !

A travers cet événement, on donne une bonne image sur les Artistes marocains et sur le peuple marocain aussi. Il n’y a qu’à voir comment le public réagit !

C’est votre côté engagé ? Bien sûr, je suis un grand patriote, et j’adore ce genre d’événement. J’ai pas mal de fois participé à des événements de tolérance en Europe depuis 2004, j’ai participé en 2006 à « Opération 0110 », pour la lutte contre le racisme et en faveur de l'intégration mais c’est la 1ère fois au Maroc.

Vous avez commencé à l’âge de 5 ans ? Oui, grâce un peu à mon frère qui était à la fois chanteur, auteur, compositeur. Vous savez, quand j’étais petit, à chaque fois que j’écoutais une chanson, je la répétais car j’avais une grande facilité pour la chanter. En plus, j’avais une très belle voix et lorsque je chantais, je ne faisais aucun effort. C’était un don du ciel ! Mon frère, de part son métier, côtoyait à  l’époque des chanteurs marocains très connus, il voulait me faire un album quand j’avais 8 ans, le problème, c’est qu’on n’avait les moyens de produire ni un album ni un clip, donc, ça a pris beaucoup de temps de trouver un producteur…De plus, ma mère était contre que je m’embarque dans cette voie, elle avait peur pour moi du milieu de la musique, notamment, le fait que je sombre dans la drogue ou l’alcool…Maintenant, avec mes tournées, je ne la vois pas souvent, que tous les 3 ou 4 mois, donc, elle me demande d’arrêter parce que je lui manque…Elle voudrait que j’ai une vie stable, que je me marie et que j’ai des enfants. Et là, je passe ma vie à voyager, après Agadir, je m’envole pour la Belgique, la Gambie puis Londres, …

Vous avez commencé avec le Raï puis vous avez changé de style  en y introduisant des sons électro, Pop,… ? Oui, c’est la tendance en ce moment, dans le milieu musical, si tu n’évolues pas, tu es fini. Alors chaque fois, j’essaie de changer doucement de style pour suivre la tendance. D’ailleurs, les jeunes sont ma cible principale, et si vous faîtes attention à ce qu’ils écoutent, vous verrez qu’ils sont branchés Justin Beiber et world music, …aujourd’hui, avec internet et les réseaux sociaux, ils se sont ouverts sur le monde, et ce n’est pas le choix qui manque ; il y a la musique arabe, orientale, indienne, américaine…ce n’est plus comme avant où ils regardaient que les télés marocaines.

C’est pour cela que vous êtes polyglotte ? Vous chantez aussi bien en français, en arabe, en anglais, en turque, en espagnol qu’en hindi ? C’est complètement personnel, je le fais d’abord pour moi parce que j’adore cela. D’ailleurs, depuis mon plus jeune âge, je n’écoutais pas que l’arabe, j’écoutais l’afghan, l’indien,… et c’est peut être ce m’a aidé à avoir cette facilité pour chanter en plusieurs langues.

La chanson « Douni Lebeladi, » c’est un peu autobiographique ? Oui, ça parle du mal du pays, de moi parce que je vis en Belgique, ça parle de beaucoup de gens qui vivent à l’étranger, loin de leur pays, de leur famille. Ça raconte la souffrance et en même la colère de ce que peuvent ressentir les ressortissants d’un pays étranger parce qu’ils souffrent de racisme, du manque de tolérance…

Vos projets ? Je prépare un duo avec Dounia Batma. On a filmé le clip au Sri Lanka. Le single s’appelle « Ghir Goulliya », et il va sortir dans les moins prochains.