Un Pape prophétique

Le Souverain pontife a décidé de mettre un terme à son règne. Cela ne s’est plus passé depuis 1545. Le pape de l’époque avait démissionné pour éviter les schismes et essayer de réunifier l’église. Ratzinger, Benoît XVI, l’a fait alors que rien ne l’y obligeait. Il a mieux géré les affaires de pédophilie que Jean- Paul II et l’histoire de son secrétaire n’est pas unique dans les annales du Vatican. L’homme s’est senti diminué et s’est rappelé la fin très longue de son prédécesseur, Jean-Paul II, qui a paralysé l’église. Il a vécu cet épisode et a certes voulu éviter au Vatican une situation analogue. Son pontificat n’est pourtant pas nul. Il a retrouvé des liens à la fois avec les autres religions et les agnostiques. L’église, sous sa conduite, a tenté de se réinsérer dans les débats sociétaux modernes. En mettant un terme à sa magistrature, alors que rien ne l’y obligeait, il envoie plusieurs messages. D’abord aux politiques, chef d’Etat à vie, il tire sa révérence parce qu’il estime qu’il n’est plus en position d’assumer la charge. C’est un message pour tous les dirigeants qui s’imaginent indestructibles, éternels. Ceux-ci existent dans les régimes totalitaires, arabes surtout, mais aussi dans les démocraties. Trop d’hommes se considèrent irremplaçables. L’autre message est humain, religieux. Benoît XVI a estimé que diminué, il ne pouvait pas diriger une religion partagée par des millions de croyants. C’est réellement une révolution. Dans le contexte islamique, de vieux croûtons se considèrent aptes à publier des fatwas, à régir la vie des gens, même avec un savoir très limité, et une autorité religieuse autoproclamée. Cette démission est un acte fondateur. C’est celle d’un souverain, un roi et une autorité morale réelle pour une partie du monde. Parce qu’elle est historique, elle ouvre la voie à la modernisation des structures. Le Pape a adressé, par son acte, un message humaniste : l’être humain a des limites qu’il s’honorerait à reconnaître. продвижение сайтов