Aller de l’avant

Je suis comme tous les commentateurs, abasourdi par ce que l’on appelle le blocage et qui dévoile d’abord la faiblesse de la représentation politique.

Je ne veux m’intéresser ni aux biens des uns et des autres, ni aux calculs mesquins, je suis patriote, mon seul intérêt c’est l’avenir de mon pays, parce que je n’ai aucune autre nationalité, le Maroc sera aussi la partie de mes petits-enfants, et il me plait à croire que comme mon père m’a enseignée l’amour de ce pays, mes descendants l’auront chevillé au corps. Chaque homme, chaque femme, est d’abord le produit de racines. Elles sont Amazigh, africaines, méditerranéennes, musulmanes, juives. Elles sont le Maroc éternel, et je suis fier de mes racines. Je vais mourir avec l’idée que je suis le plus chanceux des hommes, parce que je suis Marocain. Mais il faut aussi être pragmatique. Les politiques publiques sont en échec absolu sur la question de la culture. Nous savons tous que c’est l’Alpha et l’Omega de la lutte contre l’intégrisme et la barba- rie.

Or, que proposons-nous ? Le budget du ministère de la Culture est famélique. Il ne suffirait même pas à sauvegarder du patrimoine architectural, physique. Le gros est utilisé en fonds d’aide, au livre, au théâtre. C’est une vraie ineptie.

Cela fait vingt ans que je défends la même idée. Personne ne veut la reprendre, ni même en discuter. Nous copions l’architecture gouvernementale à la française. Le ministère de la Jeunesse et des Sports n’a aucune pertinence. Le sport d’élite doit créer son propre écosystème. Que le ministre soit mis en accusation devant le parlement est une injustice.

Ma proposition c’est de créer un ministère de la Jeunesse et de la Culture. Il aurait pour première mission d’offrir un accès à la culture, aux enfants, en particulier ceux des quartiers défavorisés. Aujourd’hui, les locaux de ce ministère sont dédiés aux associations. C’est une perte financière terrible.

Si on crée ce ministère, nous aurons le théâtre, le chant, les ateliers de lecture, qui vont revenir au sein de nos quartiers. Alors, et seulement alors, nous pourrons entamer la longue marche vers la citoyenneté. Il nous faut questionner notre passé et proposer un avenir désirable. Les milliards de Chabat m’offusquent, mais ne m’empêchent pas de rêver le Maroc.