Obama en V.O
Ahmed CHARAI

Il est de coutume de dire que les Présidents américains donnent la pleine mesure de leurs projets au cours du second mandat, quand ils sont réélus, parce qu’ils sont libérés de tout souci électoral les concernant directement. C'est le cas de Barack Obama, cela est visible quasiment à l’oeil nu. Sur le plan humain, on a retrouvé la chaleur du candidat, ses proches parlent même du Barack, qui, étudiant, marquait déjà les esprits. Ainsi, on l’a vu pleurer devant les caméras lors de la tuerie qui avait fait une vingtaine de victimes parmi des écoliers.

Il laisse percevoir ses émotions sans fard, recourt à un humour sarcastique, s’embarrasse assez peu du protocole. Sur le plan politique, malgré la majorité républicaine, il met en place le programme qui avait enthousiasmé l’Amérique et une partie de l’intelligentsia planétaire. Il agit face au plus grand lobby des USA, celui des armes, dont il veut renforcer le contrôle, alors qu’une majorité d’Américains s’y oppose. Il affiche son soutien au mariage homosexuel, une question qui divise dans un pays où les groupes religieux sont très implantés. Il maintient et réaffirme sa volonté de mener une politique en faveur des classes moyennes et des couches populaires qui ont le plus souffert de la crise et ce en opposition à la majorité républicaine.

En nommant John Kerry au département d’Etat et surtout le nouveau patron du Pentagone, il confirme son choix d’une autre politique que l’intervention militaire systématique, qui n’a rien réglé, ni en Irak, ni en Afghanistan. Au Proche-Orient, il a retardé sa visite en attendant la constitution du gouvernement Netanyahu. Sachant que celui-ci devra composer avec des partis du centre et que le nouveau ministre des Affaires étrangères en sera issu, Obama compte sur sa visite pour relancer un processus de paix en souffrance depuis des années. Sa vision des révoltes arabes s’appuie sur une grille de lecture beaucoup plus claire. Il respecte les choix des populations mais reste vigilant sur les valeurs et principes qui fondent celle-ci.

C’est ce que John Kerry a dit de vive voix au Président égyptien Morsi et c’est aussi le sens du commentaire du département d’Etat concernant les derniers évènements en Tunisie. On retrouve donc le Barack Obama qui avait suscité tant d’espérances lors de sa campagne en 2008. Cela va sans doute donner un infléchissement clair à sa politique étrangère. L’on sait qu’il a confirmé le retrait des troupes engagées en Afghanistan avant la fin de 2014. Il a aussi insisté sur l’urgence d’une aide au développement pour stabiliser ce pays, finalement en guerre depuis 35 ans. En interne, le cachet social de son programme est plus incisif. Sa politique de relance a donné de bons résultats, l’économie américaine réussissant à retrouver le chemin de croissance alors que la zone Euro est toujours en récession. Cela signifie que la réduction de la dette ne constituera pas un mur infranchissable face à ses voeux de soutien aux plus démunis. Cet Obama en version originale suscite les sympathies, cette bonne image profite aussi à son pays qui en avait besoin après avoir été décrié pendant une décennie. раскрутка сайтов