Des médias de service public
Ahmed CHARAI

Depuis la constitution du gouvernement, la question des médias publics revient régulièrement dans l’actualité, sous une forme très gênante. On a l’impression qu’il s’agit d’une lutte d’influence entre le gouvernement et d’autres pouvoirs autour du contrôle de ces médias. Ce n’est qu’une illusion partagée par un nombre limité d’observateurs. Il s’agit là d’une vision passéiste du rôle de ces médias qui n’appartiennent ni au gouvernement, ni à ses opposants, mais à la société toute entière, puisque c’est le contribuable qui les finance. Leur rôle dans la constitution démocratique est essentiel.

C’est un puissant levier d’information et de formation de l’opinion publique. Cette puissance même qui explique le refus de tout monopole en démocratie et l’impératif du pluralisme. Les médias publics doivent garantir la visibilité et la représentation de toutes les sensibilités existant au sein de la société, y compris celles qui, par choix ou par faiblesse, ne sont pas représentées au parlement. La question d’un équilibre objectif est réglementée par la HACA, dont les choix sont appelés à évoluer dans le sens d’une plus grande ouverture. Dans ce cadre préétabli, les journalistes doivent être indépendants, y compris de leurs propres engagements politiques, quand ils en ont.

C’est la charte éditoriale et les règles déontologiques qui encadrent cette indépendance. La mission de service public, des médias du même nom, ne s’arrête pas à ce partage d’antenne entre les sensibilités politiques, ni à l’information. Ce sont des leviers pour élever le niveau actuel, façonner des goûts artistiques, appeler au civisme, participer à l’éducation sanitaire… L’audiovisuel fait partie intégrante du système éducatif au sens large. Cela est plus vrai aujourd’hui que d’autres canaux, totalement incontournables, comme le net sont de la partie. C’est cette mission là qui fonde une proximité responsable et différencie un média public d’un média privé totalement tourné vers le profit.

Au Maroc, nos télés sont appelées à accomplir cette mission au mieux. Sinon, la sanction sera au niveau de l’audimat mais aussi de l’impact réel sur la formation de l’opinion. Ce débat-là est plus sain pour la construction démocratique que celui que l’on veut nous imposer. L’architecture institutionnelle des médias publics est conforme à ce qui se passe ailleurs. Le conseil d’administration contrôle la gouvernance, la HACA le contenu et les staffs la ligne éditoriale. Il faut respecter, non seulement l’indépendance de ces médias, mais l’identité propre de chacun d’entre eux, pour pouvoir exprimer une exigence de qualité vis-à-vis de leurs produits. מזגני רכב תיקון