Maroc-France : Au-delà des contingences, la symbiose
Ahmed Charau00ef

François Hollande et le Roi Mohammed VI ont eu un déjeuner privé en présence d’intellectuels et d’artistes des deux côtés, certains ayant la double nationalité. C’est un geste éminemment politique. Le Roi du Maroc, en pleine effervescence électorale, rappelle qu’il y a la France éternelle, celle qui, humaniste, universaliste, a une place dans le monde, comme porteuse de lumières.

C’est aussi éminemment politique, parce que les relations entre les deux pays, malgré les crises conjoncturelles, sont fondées sur un vrai rapport de respect et d’amitié. Au tout début du protectorat et devant l’assemblée française, le Marechal Lyautey avertissait que le Maroc « est une nation pétrie d’histoire, que nous ne pouvons coloniser indéfiniment ». Ce respect historique a traversé les époques, les crises et les événements internationaux.  Quelque soit la majorité en place en France, elle a toujours respecté le Maroc en tant qu’État-Nation, contrairement aux situations en Afrique Noire, la fameuse France-Afrique, aux résultats désastreux. Sous François Hollande, ce respect et cette relation forte se sont confirmés.

Sur la question du Sahara, si fondamentale pour les Marocains, Paris qui soutient, à l’ONU, le plan de paix marocain, a refusé l’extension du mandat de la Minurso aux pseudos droits de l’Homme. La France s’est montrée un allié fiable, crédible, malgré les pressions de nos adversaires. Sur le plan économique, la coopération est au beau fixe. Le Maroc a choisi souverainement de diversifier ses relations, de s’imposer comme un hub pour l’Afrique. La France respecte ce positionnement et travaille à l’utiliser au profit des deux nations, dans le respect absolu des souverainetés des uns et des autres. Le Maroc est un allié de premier rang de la France, de l’Europe, du monde, dans la lutte anti-terroriste, le combat contre l’émigration clandestine et le crime organisé.

La diplomatie française ne rate jamais une occasion, pour le rappeler. D’autant plus que ces efforts sont accompagnés, au Maroc, par une politique d’accueil humaniste et un respect absolu des droits de l’Homme, dans le cadre d’une construction démocratique qui fait exception dans la région. Les deux chefs d’État, pour ce dernier rendez-vous, ont sûrement en tête tous ces éléments. Mais la nature des convives démontre qu’ils ont voulu aller plus loin, aller à l’essentiel. Les Marocains, vivant en France, sont nombreux. Les Français, y compris les retraités qui ont choisi de finir leurs jours au Maroc, se comptent par milliers. L’apport des franco-marocains à la culture, aux arts, mais aussi à l’innovation, à l’entreprise, aux sports, est visible.

La francophonie, la francophilie, sont vécues par les Marocains comme des acquis. De l’autre côté, la culture marocaine, par sa profondeur historique, sa richesse et sa spécificité, est respectée et valorisée dans l’Hexagone. Le déjeuner est d’abord un signal que cette relation ne peut être liée à un scrutin.