Regard de l’OCDE sur l’Espagne

L'Espagne est plongée dans une longue récession. L'effet dépressif induit sur l'activité par le processus de réduction de l'effet de levier dans le secteur privé et par la nécessité d'un ample assainissement des finances publiques, à la suite du retournement à la baisse du cycle du crédit intérieur, a été accentué par la crise de la dette dans la zone euro et des rigidités structurelles sur le marché du travail, ce qui s'est traduit par une envolée du chômage et une crise bancaire. La perspective d'une reprise reste lointaine, étant donné que la réduction de l'effet de levier dans le secteur privé est loin d'être terminée et que les effets de rétroaction entre les finances publiques et le secteur bancaire restent forts, malgré le prêt de 100 milliards EUR consenti par les États de la zone euro pour recapitaliser les banques. Cette boucle de rétroaction doit être rompue. De nouvelles réformes structurelles sont nécessaires pour faire augmenter le taux d’emploi, notamment chez les jeunes, et améliorer la compétitivité, ce qui contribuera à réduire encore le déficit des paiements courants. Étant donné les risques majeurs qui se sont accumulés, il est urgent que les pouvoirs publics interviennent avec détermination sur tous ces fronts pour pouvoir retourner la situation.

Il faut remédier sans tarder au problème de la crise financière. Des progrès ont été réalisés pour que les pertes soient comptabilisées de manière rapide et exhaustive pour rétablir la confiance à l'égard du secteur bancaire. Le gouvernement a pris une mesure importante en durcissant les règles de provisionnement applicables aux engagements des banques liés au secteur immobilier. Il est primordial de résoudre rapidement la situation des banques non viables et que les autres soient recapitalisées, comme prévu dans le mémorandum d'accord conclu avec l'Union européenne sur un programme de réforme du secteur financier, qui est bienvenu. Les prêts immobiliers défaillants doivent être transférés à l’organisme de défaisance à un prix suffisamment bas pour limiter les risques sur les finances publiques. Les autorités doivent veiller à ce que l'absorption des pertes des banques repose en partie sur leurs amples volants d'instruments de fonds propres hybrides et de dette subordonnée, notamment lorsque les détenteurs de ces instruments sont des investisseurs institutionnels. Une réforme des procédures de faillite favoriserait une réaffectation des ressources des entreprises insolvables à des usages productifs.

La confiance à l'égard des finances publiques doit être restaurée. Afin de rétablir sa crédibilité, le gouvernement devrait s'employer à réaliser ses nouveaux objectifs de déficit global adoptés en juillet 2012, à moins que la croissance soit nettement moindre que prévu, auquel cas il devrait laisser jouer les stabilisateurs automatiques, au moins en partie. La réforme des règles budgétaires relatives à l'ensemble des niveaux d'administration et les récentes mesures d'assainissement des finances publiques marquent de nets progrès. Ces règles doivent être rigoureusement appliquées, notamment pour améliorer la situation financière des administrations régionales. Elles devraient être étayées par la mise en place d'un conseil budgétaire indépendant, chargé d'évaluer la politique budgétaire, comme prévu par le gouvernement, à tous les niveaux d'administration. Les mesures nécessaires pour atteindre l’objectif de déficit de 2014 doivent être détaillées et de même que des mesures budgétaires durables pour stabiliser la dette publique. Il est possible d'aller plus loin en matière de réforme des impôts pour contribuer à l'assainissement budgétaire et rendre le système fiscal plus propice à une croissance verte. De nouvelles réformes des retraites permettraient d'améliorer la viabilité des finances publiques à long terme, et favoriseraient davantage la régularisation des activités économiques non déclarées.

Un large éventail de réformes est nécessaire pour remédier à un chômage très élevé. Le taux de chômage a atteint des niveaux dramatiques en Espagne, notamment chez les jeunes ayant un faible niveau de formation. La réforme du marché du travail de 2012 représente une avancée significative vers le comblement de certaines lacunes structurelles clés de ce marché, notamment en ce qui concerne la protection de l'emploi et les négociations collectives. Si la réforme n’est pas suffisante, les autorités devraient adopter des mesures supplémentaires pour réduire le dualisme du marché de l'emploi, en s'orientant vers un contrat de travail unique. Une façon de rendre le système plus flexible aux conditions économiques serait d’abolir l'extension juridique des conventions collectives ou de la remplacer par un système optionnel d'adhésion. Des mesures rapides s'imposent également pour améliorer l'efficacité des services de l'emploi. Les prestations offertes en matière d'aide à la recherche d'emploi et de formation doivent être renforcées, en particulier pour les jeunes chômeurs, et les programmes actifs du marché du travail doivent être axés sur les catégories les plus vulnérables. Les conditions d'admission au bénéfice des allocations de chômage doivent être durcies. Des initiatives devraient également être prises pour empêcher les jeunes de sortir du système scolaire à un stade très précoce. L'adoption de dispositions destinées à assurer une meilleure adéquation entre qualifications et exigences des entreprises permettrait de faciliter la transition de l'école à la vie active : le gouvernement a commencer de réformer l'enseignement professionnel, ce qui est bienvenu. раскрутка сайтов