La cigarette de demain « moins nocive » ?

Produits à vapeur électronique, tabacs oraux,… les alternatives à la cigarette traditionnelle ne cessent de proliférer dans le monde. Lors de la 4e édition du Forum Mondial de la Nicotine (Pologne), chercheurs, cigarettiers et politiciens ont débattu du rôle des produits sans fumée et de la nécessité de leur réglementation.

Organisé sous le thème « Réduire les méfaits, sauver des vies », Le Forum mondial sur la nicotine (GFN) qui s’est tenu pour la 4e fois à Varsovie du 15 au 17 juin 2017 a réuni chercheurs, industriels du tabac, politiciens, régulateurs et professionnels de la santé publique, pour débattre du rôle des produits de nicotine plus sûrs et des « produits à risque réduits  (RRP)».

Les participants ont appelé par la même occasion les gouvernements à différencier la fiscalité selon le risque et à changer leurs politiques pour réduire les taxes sur ces produits alternatifs considérés selon les résultats des plusieurs études récentes comme moins nocifs (Royal College of Physicians) pour la santé. Ces produits à vapeur électronique réduiraient selon les cigarettiers les risques de 90 à 95% des maladies liés au tabagisme.

Le principe est simple, il consiste dans la majorité des substituts novateurs à chauffer le tabac (jusqu’à environ 300° selon les dispositifs) plutôt que de le brûler (combustion jusqu’à 900°). Résultat, ces alternatifs ne génèrent pas de fumée mais plutôt une « vapeur de tabac » et réduisent jusqu’à 95% les composantes toxiques dans la « vapeur de tabac » générée, en comparaison avec la fumée dégagée par une cigarette conventionnelle. Pour les cigarettiers, ces substituts à la cigarette changeraient le monde de la nicotine pour toujours « la e-cigarette est une nouvelle façon de vivre, a déclaré Hon Lik, l’inventeur de la e-cigarette, son marché va se développer dans les années à venir et va connaître un progrès révolutionnaire».

Eliminer la combustion serait donc la solution pour les cigarettiers. Ces alternatives à la cigarette traditionnelle sont selon eux, un meilleur choix que de fumer. Cependant, pour les scientifiques, le risque zéro n’existe pas.

Parmi les nouveaux produits dont les mérites ont été vantés : le Snus du Swedish Match commercialisé en Suède, la « Ploom » du Japan Tobacco International (JTI), la chaufferette « Glo » du British American Tobacco (BAT) et l’IQOS de Philip Morris International (PMI). Dans ce marché en plein croissance, ce dernier présent dans environ 25 pays -dont le Japon, le Royaume-Uni, la Suisse et récemment la France- est sans doute le plus avancé. Son produit phare l’IQOS (I quit ordinary smoking) cartonne au Japon, où la pub est autorisée ; et a déjà conquis un million d'utilisateurs (sur 2 millions dans le monde). Ses recharges composées de mini-cigarettes appelées "sticks" sont vendues au même prix que les cigarettes.

Ces produits ne règlent pas cependant les problèmes de la dépendance, ils sont adressés avant tout aux fumeurs adultes qui continuent de fumer, l’objectif du cigarettier est de voir les fumeurs switcher complètement vers ce genre de produits. « Dans environ 25 pays où on vend nos produits, plus de 2 millions de fumeurs dans le monde ont arrêté la cigarette et se sont convertis à l’IQOS, 70% d’entre eux ont arrêté définitivement la cigarette et c’est très encourageant, parce qu’on ne voit le bénéfice d’un produit à risque que lorsqu’on arrête la cigarette », affirme Thommaso Di Giovanni, Directeur de communication pour les RRP « Produits à risques réduits ». Présent dans plus de 25 pays, le groupe vise avec ses nouveaux produits sans fumée d’autres marchés, notamment en Afrique où le nombre de fumeurs aura plus que doublé en 2030 passant de 85 millions à 200 millions de fumeurs.

Avec 7 millions de fumeurs dont 500 000 mineurs, le Maroc est l'un des plus grands consommateurs de tabac au monde. Rappelons que l'épidémie de tabac tue plus de 7 millions de personnes/an. Il y a actuellement 1 milliard de fumeurs dans le monde, dont près de 80% d'entre eux vivent dans des pays à revenu faible et intermédiaire, où le fardeau des maladies liées au tabac est le plus grand.