Agir et maintenant !
Ahmed CHARAI

Nous avons été parmi les premiers à défendre l’exception marocaine et soutenir, par pure conviction, l’expérience actuelle au Maroc, mais aussi à l’étranger. Une conviction forte que la construction démocratique a atteint un stade de maturité qui lui permet de vivre des alternances issues des urnes. Cependant, ce à quoi l’on assiste est une véritable crise d’une institution, essentielle : le gouvernement. La majorité n’est plus qu’un leurre, les partis alliés aux islamistes critiquant ouvertement la politique menée, s’en désolidarisant et proposant même des alternatives. Cette cacophonie est dangereuse à plus d’un titre. Elle inhibe l’action de l’exécutif face à une crise dont il reconnait enfin la gravité, renvoie l’image d’une majorité incapable de gouverner et sape l’idée même de stabilité acquise. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas un climat propice à l’attractivité des investissements étranges et même domestiques qui ne voudraient en aucun cas investir dans un pays en crise dont le gouvernement se déchire. Avant même d’être une crise économique, qui réclame des mesures d’urgence, la conjoncture que nous vivons est d’abord une crise politique, qui réclame donc une issue politique. Les scénarios souhaitables et possibles ne sont pas très nombreux. Le premier est celui d’une réunification de la majorité autour d’un nouveau programme de gouvernement, l’actuel étant caduc. C’est possible malgré les personnalités de Benkirane et Chabat. C’est possible si les partis en question s’élèvent au niveau des exigences du moment. Dans ce scénario, le remaniement ministériel devient un élément du puzzle, permettant d’intégrer des compétences techniques plus pointues, des technocrates capables d’innover dans la recherche de solutions à la crise. Le second scénario est l’élargissement de la coalition. Ce qui divise les composantes actuelles c’est la nécessité de prendre des mesures impopulaires, forcément coûteuses électoralement. Un élargissement de la majorité permet de diluer les risques en créant un sentiment de large consensus autour de la nécessaire mais douloureuse mesure d’austérité. Nous écartons l’hypothèse d’élections anticipées, non pas par peur des résultats, mais parce que cela incrusterait l’image d’un pays ingouvernable. Cette sortie par le haut est à la fois possible et urgente. Sa réussite requiert cependant des préalables. Le premier est un langage de vérité tenu aux citoyens. Le Chef du Gouvernement doit se départir de sa ligne de conduite qui hait les chiffres et préfère s’appuyer sur la confiance. C’est ce langage de vérité qui permettra à toutes les couches de la population d’accepter les efforts qui seront demandés. Le second préalable concerne le PJD qui doit cesser de se comporter en parti d’opposition guerroyant contre de fantomatiques poches de résistance qui seraient partout. C’est un préalable parce qu’on ne peut pas gouverner en démocratie en stigmatisant toutes les oppositions. Ce redressement est d’une urgence absolue. L’opinion publique est déboussolée parce que d’un côté on lui explique que le pays est face à une crise très grave et de l’autre on lui propose un cirque de mauvais goût. Ce qui renforce sa défiance vis-à-vis des politiques. Il faut agir et maintenant ! продвижение бренда компании