Mortelle bêtise
Jamal Berraoui

Nombreux sont les Marocains qui ne comprennent rien à la crise entre Qatar et ses voisins. Le soutien au terrorisme ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Le Wahhabisme est un produit saoudien que le Qatar survend. Mais au-delà, il y a bien des intérêts divergents qui expliquent cette guéguerre.

Le Qatar a choisi, depuis que Khalifa, le père de Temim, l’actuel Emir, a renversé son propre père, de s’émanciper de la tutelle du grand-frère saoudien. Comment y arriver quand on a une population réduite à 300 milles personnes et qu’on est immensément riche ? Le Qatari n’a pas à réfléchir, des conseillers étrangers ont inventé le soft power. Doha a investi énormément dans les sports et la communication, en particulier à travers Al Jazeera.Ce positionnement a eu des conséquences politiques. Doha a normalisé avec Téhéran, soutenu les frères musulmans et des mouvements de révolte contre la propension de Ryad à privilégier les régimes en place. Le reflux de tous ces mouvements a mis à mal Doha.

Trump a laissé entendre, lors de sa visite à Ryad, que l’Iran était l’ennemi, et que Téhéran était le principal soutien du terrorisme. C’est cela qui a encouragé le boycott, que Trump lui-même essaie de lever.

Si l’on suit la communication des deux camps, on est en face d’une guerre civilisationnelle. En fait, ce sont des réfractaires à l’universalité qui se bouffent du nez, encouragés par des économies de rente, qui même après la baisse de hydrocarbures, reste conséquente.

Les dirigeants de ces pays n’ont aucune vision stratégique. Leur conflit permet aux Turcs et aux Persans de redevenir les plus influents de la région. Le Hamas est considéré comme terroriste par les pays du boycott, pour faire plaisir à Al-Sissi qui a mené l’Egypte vers la faillite. C’est dire si les deux Mohamed, le saoudien et l’émirati, ont totalement perdu le Nord.

Le Qatar a les moyens de survivre à l’embargo. Il utilise son soft power, les transferts de Neymar, les journalistes emprisonnés en Egypte, pour s’attirer de la sympathie.

C’est un conflit qui n’intéresse personne, malgré son hypermédiatisation. Les pétrodollars au service de jeunes « cocainisés ». C’est juste une opportunité d’affaires juteuses. C’est ainsi que l’Occident le comprend et agit en conséquence. Tous les pays du Golfe sont liés au terrorisme, par le biais du wahhabisme. Le soutien financier est essentiellement de leur fait, par le biais d’organisations caritatives. C’est cela la réalité, le reste n’est que spectacle.