Où va l’Istiqlal ?
Jamal Berraoui

Les congrès régionaux du parti de l’Istiqlal ont été révélateurs de la situation interne du plus vieux parti du Maroc. Violences, bagarres, insultes, ne sont que la partie visible de l’iceberg. Hamid Chabat, toujours candidat, lâché par ses propres lieutenants, sait que la bataille est perdue. Mais ses anciens soutiens défendent leurs positions au niveau local et national.

On aurait pu s’attendre à un certain esprit d’ouverture de la part des vainqueurs putatifs. Nizar Baraka avait lui-même appelé au « respect » et à l’unité. Il n’a pas été entendu, l’heure est à l’épuration des « chabatistes ».

Maintenant que les jeux sont faits, il faut se projeter dans l’avenir. Nul doute que Yasmina Baddou, Karim Ghellab et Hejira auront un rôle à jouer dans l’exécutif du parti. Adil Douiri, soupçonné de proximité avec Chabat, risque de disparaître des radars, malgré le poids de son père qui a le respect dû aux anciens.

Par ailleurs, nul ne sait quel est le projet politique d’Ould Errachid, Kayyouh et Cie. Ce ne sont pas des idéologues, loin de là. Leur inimitié avec Chabat est récente. Elle est liée à sa gestion de la question de la participation au gouvernement en 2014, quand il a claqué la porte et en 2017, où il a été un élément de la crise, avant sa sortie sur la Mauritanie qui l’a flingué. On n’en sait pas plus sur leurs intentions et la manière dont ils voient le positionnement de l’Istiqlal sur l’échiquier politique.

A cette difficulté s’ajoute une autre. L’Istiqlal c’est d’abord une kyrielle d’organisations parallèles qui constituent sa force de frappe électorale. Or, toutes ces organisations sortent divisées de cette guerre fratricide et donc très affaiblies.

Chabat était une incongruité dans l’histoire de l’Istiqlal. Il a fait du syndicat une machine de guerre contre les Fassi-Fihri et réussi à prendre le parti. Cette fois, des forces se sont liguées contre lui. Seulement ce conglomérat doit rapidement se souder autour d’autres choix que l’anti-chabatisme et ce n’est pas joué d’avance. Personne n’a intérêt à voir l’Istiqlal péricliter parce qu’il reste important pour une certaine forme de stabilité politique. Mais force est de constater que tous les ingrédients de crises futures sont là.

Autre question qui s’impose d’elle-même, Nizar Baraka briguera-t-il la direction du parti en restant à la tête du CESE ?