Hollande chez Mohammed VI : Deux jours pour défricher l'avenir

La visite de François Hollande s’inscrit dans l’évolution des relations entre le Maroc et la France et parachève le choix d’un partenariat rénové.

Les drapeaux français, les affiches de bienvenue à l’effigie de Hollande ne sont pas de circonstance. Il y a réellement un lien particulier entre les deux pays. D’abord, historique, le maillage des liens s’est étendu à tous les domaines : humains, politique et économique.

Sur le plan humain, malgré les restrictions, le volume des échanges est très fort. L’usage de la langue française contribue à enrichir ces liens. Au niveau politique, Paris et Rabat ont entamé, depuis plus d’une décennie, un virage important. Les relations entre les deux pays ont changé de cap, rompant avec une certaine forme de paternalisme néo-colonial et optant pour un partenariat gagnant-gagnant entre égaux. Ce cap a été maintenu et enrichi.

L’alternance en France n’a pas altéré ces relations, parce que celles-ci s’appuient désormais sur des données rationnelles et objectives, mises encore plus en lumière par les soubresauts de ce que l’on a appelé « Le Printemps Arabe ».

Paris reconnait la spécificité de l’expérience marocaine en matière de démocratie. Le discours de François Hollande devant les parlementaires n’est pas une politesse, mais bien l’expression d’une position de l’Etat français par rapport aux réformes politiques au Maroc. Droite et Gauche ont salué les réformes politiques, celle de la constitution en particulier, le changement dans la stabilité. Malgré l’islamophobie ambiante, le gouvernement de Benkirane a été bien accueilli parce que l’architecture institutionnelle rassure.

Pour Paris, le Maroc est un socle de stabilité, mais aussi un acteur majeur sur le plan sécuritaire. La France, qui mène une guerre au Mali, connait l’importance de cet enjeu. De manière discrète mais efficace, le Maroc participe à la lutte anti-terroriste et collabore au partage des renseignements qui a permis de démanteler des cellules des deux côtés de la Méditerranée.

Par rapport à la question du Sahara, la France continue à appuyer la proposition d’autonomie comme seule solution crédible et ce malgré les pressions algériennes, notre voisin de l’Est étant lui aussi un partenaire privilégié de la France.L’on voit donc que les relations dépassent le conjoncturel, ne sont pas uniquement liées à l’histoire et sortent du cadre de l’influence française telle que vécue dans les années post-indépendance.

Economie : Gagnant-gagnant

Sur le plan économique, l’on sent la même évolution. Il ne s’agit plus de comptabiliser les subventions ou les prêts français. Les entreprises françaises s’installent au Maroc parce qu’il y a un potentiel de développement intéressant, parce qu’il n’y a pas de barrière de la langue.L’investissement public reste important, malgré les difficultés budgétaires. Les entreprises françaises n’ont plus le monopole des marchés publics, mais restent les premières bénéficiaires. Il est vrai que les possibilités de financement améliorent leur compétitivité à ce niveau.

Les choix du Maroc ouvrent des perspectives dans des domaines à forte valeur ajoutée : l’énergie renouvelable, en particulier, l’urbanisme avec son volet transports, dont le tram de Casablanca n’est qu’un projet parmi d’autres. Les entreprises françaises ont aussi bien compris l’intérêt stratégique du Maroc pour gagner des parts de marché en Afrique et ce, sous deux formes, soit en partenariat avec une entreprise marocaine, soit en utilisant le Maroc comme une plate-forme. La perspective d’un Maroc « Hub » pour l’Afrique se précise et intéresse de plus en plus nombre de groupes français, surtout après l’implantation réussie du secteur bancaire national en Afrique, ce qui a renforcé sa connaissance du terrain.

Les délocalisations ne sont plus un sujet de conflit. Les dirigeants français savent désormais que, pour une grande partie, ce n’est pas un choix mais une nécessité. La proximité du Maroc avec le marché européen est un atout indéniable.

La visite de François Hollande a embrassé tous ces domaines. Avec Sa Majesté Mohammed VI, le Président français a fixé de nouveaux caps. Au parlement et avec les patrons, il a réaffirmé la permanence des rapports. Finalement, c’est de cela qu’il s’agissait : offrir de nouveaux horizons à un partenariat rénové inscrit dans une amitié pérennisée par un socle de valeurs partagées et des intérêts communs.

Paru dans le n°211 de L’Observateur du Maroc english into japanese translator