De nouveaux relais de croissance

La préservation des parts de marchés est un impératif pour la France sur le marché marocain. Concurrencés par les Espagnols, les Français ne comptent pas se laisser dépasser. Analyse.

Dépassée par l'Espagne qui devient le premier partenaire commercial du Maroc, la France demeure toutefois le premier partenaire économique du Royaume, avec un volume des échanges de 8 milliards d'euros en 2012. Premier investisseur au Maroc, pour un volume de 919 millions d’euros en 2012, l’Hexagone représente plus d’un tiers des investissements directs étrangers à destination du Royaume où de nombreuses entreprises françaises sont déjà installées. D’ailleurs, 36 des 40 entreprises du CAC 40 y disposent de filiales : Total, Vivendi Universal, Suez, EDF, Renault et la liste est longue. S’y ajoutent des PME qui sont également de plus en plus actives sur le marché marocain.

France, partenaire privilégié du Maroc

Les entreprises françaises au Maroc sont présentes dans plusieurs domaines d'activités, notamment les télécommunications, l’industrie pharmaceutique, le secteur bancaire et les assurances, le tourisme, le textile, l’agroalimentaire, l'environnement ainsi que l'énergie. Pour les opérateurs économiques français désireux d’implanter des unités de production en dehors de l’Hexagone, le Maroc, qui a mis en place une batterie de mesures incitatives pour attirer les investissements directs étrangers, est une destination de choix. L’usine Renault de Tanger d’ailleurs parfaitement ce à quoi aspire le Royaume et donne de la consistance à la notion de co-développement. « Il ne faut pas céder au pessimisme des agences de notation. Le Maroc dispose d’énormes atouts. Son potentiel touristique, le courage de refuser la tentation du protectionnisme, la position géographique de proximité entre les marchés de l’Europe et ceux de l’Afrique, les accords intelligents avec l’Europe et la stratégie de montée en gamme et de diversification sont autant de bases, entre autres, sur lesquelles s’est construit un volume important d’échanges entre les deux pays et des investissements colossaux. Sans parler du volume de financements de la part de la France et la participation des grandes banques à la structuration des projets », explique Thierry De Margerie. Et le Président Directeur Général d’Alstom Maroc d’ajouter : « Nos entreprises savent s’associer pour des objectifs communs. Nos relations sont matures et le Maroc, qui est ouvert à tous les marchés, a le droit de choisir ses fournisseurs et ses partenaires. Or, la place de nos entreprises dans le fonctionnement de l’économie fait de nous des partenaires de fait avec l’obligation de répondre aux attentes et contribuer au développement ».

De nouveaux relais de croissance

Jusqu'ici premier client et premier acheteur du Maroc, la France fait face à une forte concurrence. Sa part de marché a fondu pour ne plus représenter que 12 % des importations (4,2 milliards d'euros) alors qu'elle en générait 25 % dans les années 1990. L'Espagne a devancé la France pour la première fois l'an dernier. Un faux pas présenté par l'Élysée comme un épiphénomène dû à des raisons conjoncturelles. « Si nous voulons rester le premier partenaire économique du Maroc, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers », insiste Charles Fries, ambassadeur de France au Maroc.

L’Hexagone veut aujourd’hui élargir son périmètre d’activités au Maroc et se positionner sur de nouveaux secteurs stratégiques. « Les trois nouveaux métiers mondiaux du Maroc annoncés en février dernier lors des Assises de l’industrie représentent une réelle opportunité pour nos entreprises », souligne Joël Sibrac. Le président de la Chambre française de commerce et d'industrie annonce que cette institution établira une liste d’entreprises françaises qui dégagent un réel intérêt pour ces domaines pour organiser une journée autour de chacun de ces métiers avec des RDV BtoB ciblées.

Parallèlement, la France a exprimé son intérêt pour le solaire comme l’annonce l’ambassadeur de France au Maroc. « Les énergies renouvelables constituent aussi un secteur qui nous intéresse. Si les entreprises françaises sont déjà présentes dans l’éolien, nous voulons nous impliquer davantage dans le plan solaire marocain et nous portons ainsi beaucoup d’espoir dans les prochains appels d’offres lancés sur la deuxième tranche de la centrale solaire de Ouarzazate », insiste t-il. De son côté, De Margerie met l’accent sur l’énorme potentiel que représente le programme de l’OCP et celui de la métallurgie qui traverse toutes les industries et dont le décollage va compléter les chaines de valeur du câblage, d’électronique et d’aéronautique où le Maroc est déjà fort.

Vers des PPP plus denses

Transports, distribution d’eau et d’électricité, assainissement, enseignement : au Maroc, la gestion privée de nombre de services publics tend à se développer, dans un contexte de libéralisation de l’économie et de resserrement des budgets. Selon les experts, relancer les PPP franco-marocains donnera un nouvel élan aux relations économiques entre les deux pays. « En matière des PPP qui existent aujourd’hui au Maroc, que ce soit dans le développement des infrastructures ou dans la gestion de services, il y a déjà un fort partenariat entre la France et le Maroc, notamment en matière de gestion déléguée. Pour réussir dans ce domaine aujourd’hui, il faut tirer les enseignements nécessaires de l’expérience déjà menée. Il faut qu’il y ait un équilibre dans cette relation entre les deux partenaires », affirme Jean-Pierre Ermenault, ex directeur général de Lydec, non sans insister sur l’expertise de la France en la matière et sa connaissance profonde des clés de réussite de cette forme de partenariat. радиоуправляемый катер