Parmi les champions marocains en terre africaine, CEMA Bois de l’Atlas fait figure de pionnier. Son activité commerciale avec le Gabon a commencé il y a une cinquantaine d’années et son investissement direct dans ce pays date de 1995. L’entreprise nourrit de nouvelles ambitions pour étendre ses activités en Afrique.
Entretien réalisé par Fatima Zohra Jdily
L’Observateur du Maroc : Vous avez une expérience de longue date de l’Afrique. Cela ne vous donne-t-il pas une longueur d’avance sur tous ces investisseurs, nombreux, qui découvrent aujourd’hui les opportunités qu’offre le continent.
Ali Fassi Fihri : CEMA Bois de l’Atlas a déjà eu une coopération commerciale depuis un peu plus de 50 ans avec le Gabon. De même, depuis 1995, nous avons pris la décision, en accord avec les autorités gabonaises, pour installer une usine sur place. Aujourd'hui, nous ne le regrettons pas parce que si nous n’avions pas eu cette usine au Gabon, nous aurions été contraints d’arrêter notre usine au Maroc et nous aurions même arrêté nos possibilités d'exportation vers l'Europe. Ce que je veux dire par là, c'est qu'aujourd'hui, le Maroc jouit d'une situation particulière. Trait d'union entre le Sud et le Nord, le Royaume a signé énormément d'accords de libre échange avec les pays du Nord et pourrait en profiter pour développer cette relation en établissant le lien entre le Sud et le Nord. Nous avons commencé, mais le chemin est encore long.
Quels sont les facteurs de succès de CEMA Bois de l’Atlas au Gabon ?
Les excellents rapports qu’entretiennent le Maroc et le Gabon, la proximité par rapport à la matière première et la maîtrise du métier, l’anticipation puisque l’investissement remonte aux années 90. C’est ce qui nous a permis d’utiliser notre usine au Gabon comme fournisseur de nos usines au Maroc.
Quels sont vos projets africains en cours ou à venir ?
Pour nous, il existe deux axes stratégiques en relation avec notre développent en Afrique. Le premier concerne le développement de notre partenariat avec les forestiers des pays tels que le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Congo, dont la perspective pourrait déboucher sur un partenariat industriel. Le deuxième consiste en la commercialisation de produits élaborés dans nos usines au Maroc, tels que les cuisines et les meubles en Kit, en direction de certains pays africains que nous prospecterons dans un proche avenir. A ce jour, le potentiel reste relativement faible, cependant nous avons bon espoir de voir le Maroc finir par conclure les accords de libre échange avec les ensembles économiques tel que la CEDEAO et la CEEAC, permettant une meilleure compétitivité des produits marocains en général et plus particulièrement ceux que nous souhaitons offrir sur ces marchés.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a effectué dernièrement une tournée africaine, dans quelle mesure cette tournée aura des retombées positives sur les relations économiques continentales du Maroc ?
Je tiens à remercier Sa Majesté pour cette initiative qui a donné une bonne impulsion à nos relations avec différents pays africains. Il faut savoir que dans ces pays, le caractère politique est très important. C’est une excellente caution morale que d’avoir cet appui au plus haut niveau de l’Etat. Il faut savoir que Sa Majesté le Roi est très apprécié dans le continent africain. Son déplacement est en lui-même une caution aussi bien pour les investisseurs marocains qui n'osaient pas jusqu'à maintenant aller vers ces pays, qu’aux autorités africaines qui nous ouvrent les portes et qui nous facilitent la tâche lors de la prospection.
Paru dans le n° 212 de L’Observateur du Maroc