Leila Hadioui « J’ai toujours cherché à faire rêver les autres »

Le Top Model, animatrice TV et actrice, Leila Hadioui nous parle de sa nouvelle expérience en tant que styliste et de son penchant pour les capes et le selham traditionnel qu’elle a modernisé, pour le rendre à l’air du temps.

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Lors du dernier salon du Mariage à Marrakech, vous avez conçu des capes pour la mariée. En quoi diffèrent-elles des capes normales ?

Comme la mariée doit briller de mille feux, la cape se doit d’être l’accessoire par excellence qui va sublimer sa tenue. Ça va être ce petit plus qui, en plus de lui conférer un look chic et élégant, va lui rajouter ce côté branché et cette touche mode qui va la distinguer des invitées.

Vous avez opté pour des tissus plutôt nobles ?

Oui, comme le brochet, la dentelle, des tissus faits main, pailletés et très fragiles. Moi, par la suite, je rajoute ma touche, je refais les dessins sur un tissu blanc par exemple, je mélange les tissus, les couleurs, les pierres, les plumes, j’adore créer !

A qui s’adressent vos capes ?

A la femme casual, chic, qui travaille et surtout celle qui assume et qui a du charisme « nakhwa ».

Pourquoi avoir jeté votre dévouement sur la cape ?

J’avais envie de rendre hommage à mon papa, c’était un bel homme très chic qui portait tout le temps des djellabas et des « selhams ». D’ailleurs,  je porte souvent son selham. J’ai donc décidé de moderniser le selham traditionnel marocain et le rendre plus tendance ; par la suite, je me suis lâchée, j’ai fait des capes gilets, des capes vestes, soirées, robes…

Comment voyez-vous l’évolution du caftan ?

Je suis très fière de voir que nos stylistes marocains aient pu développer le caftan à l’étranger. Tout le monde sait aujourd’hui que le caftan vient du Maroc. D’ailleurs, de grands couturiers font des ceintures avec des broderies inspirées du caftan marocain.

Que signifie pour vous le fait d’être styliste ?

Vous savez, je ne sais ni couper ni dessiner. Cela dit, un styliste doit savoir mélanger les couleurs, les tissus, savoir comment la coupe tombe et comment une pièce, une fois portée, peut changer la personne. Pour moi, être styliste, c’est avoir sa propre touche, ne pas copier !

En tant que styliste, vous commencez à défiler à l’international (Londres). Quel est votre sentiment ?

Un an après avoir lancé ma 1ère collection, je me retrouve à la Fashion Week de Londres avec « Black and Gold », j’étais très fière de représenter le Maroc à l’étranger. J’avais même emmené le caftan marocain pour leur montrer qu’on pouvait porter les capes avec du prêt-à- porter mais aussi avec le caftan.

Les stylistes que vous aimez ?

J’adore Valentino, Dolce Gabana, j’aime bien Meryem Belkhiyat, Roméo, Fouzia Naciri…des stylistes qui créent et qui n’imitent pas !

Vous vous êtes essayés à la télévision, au cinéma. Pourquoi ?

J’ai toujours eu envie d’intégrer ce monde. Quand j’étais petite, je m’amusais à signer des autographes, je faisais toujours le pitre à la maison, j’imitais les membres de ma famille, je faisais du théâtre à l’école… Et puis, un jour, par hasard, alors que j’animais à l’époque « Dari fe bali », je rencontre Noureddine Lekhmari qui me propose de jouer dans « Qadiya », et c’est comme ça que j’y ai pris goût ! Le cinéma, c’est magnifique, il te permet d’incarner le rôle d’un autre personnage, de plonger dans une autre vie. Au début, c’était très dur parce qu’il fallait faire ses preuves, se démarquer, mais avec beaucoup de volonté, j’y suis arrivée.

Vous êtes à la fois mannequin, animatrice TV, actrice, styliste. Quel métier vous ressemble le plus ?

Je me retrouve dans tous ces métiers, parce que je les fais avec amour et passion, pas juste pour l’argent. Je ne supporte pas l’idée de ne rien faire, sinon, je m’ennuie, je suis une personne super active. Le secret de la réussite ? Rester soi-même, garder la tête sur les épaules, faire les choses avec beaucoup de conviction et de modestie, être passionné et profiter de son métier pour passer un message positif et aider les gens du mieux qu’on peut. Copier ne m’intéresse pas, le but, c’est de faire rêver, parce que quand on rêve, il y a de l’espoir.

C’est pour cela que vous vous engagez dans des actions caritatives ?

Oui, je suis toujours la marraine de l’association Al Ihsan, j’essaie de les aider du mieux que je peux. Je consacre aussi du temps à mes fans, je pense qu’il faut rester soi-même, aider et faire rêver les gens.

Avez-vous déjà été victime d'harcèlement sexuel ?

On m’a beaucoup dragué, mais pas vraiment harcelé. Et comme j’étais mariée très jeune, à 19 ans, les gens n’osaient pas m’importuner. J’ai toujours résisté parce que je voyais les choses à long terme, car un faux pas peut ternir ta réputation et entacher ta carrière, je n’ai jamais voulu avoir de cicatrices derrière moi, j’ai toujours tracé mon chemin doucement mais prudemment.

Vous accepteriez que votre fille fasse ce métier ?

Oui, avec ma fille, on a une relation d’amitié et de complicité incroyable même si on a 20 ans d’écart. J’ai hâte qu’elle grandisse pour qu’elle m’accompagne partout. Pour l’instant, elle a 12 ans et je ne veux pas l’influencer, mes parents ne m’ont pas encouragé à faire quoi que ce soit, mon père m’a appris le sens de la vie, l’Islam, la politesse, à être débrouillarde, puis, il m’a lâché. Les gens croient que je suis née avec une cuillère en or, alors que je me suis toujours démerdée toute seule. J’ai envie de donner la même éducation à ma fille, lui donner les bonnes bases pour qu’elle ne dévie pas.  Après, c’est à elle de choisir sa propre voie.

Qui est Leila Hadioui que personne ne connait ?

Une femme très sensible, malgré que je donne l’image d’une fille très forte. Tout le monde me dit : « t’es un homme », alors que ce n’est pas vrai ! Je suis obligée de me battre pour tenir, on ne peut pas croiser les bras et attendre que ça arrive. Je suis généreuse et je ne suis pas rancunière. Je suis très impatiente et très dure avec moi-même, je suis perfectionniste et je déteste l’injustice.

Des projets ?

Mon prochain défilé aura lieu à Marrakech le 5 mai prochain, ensuite, je vais collaborer avec une nouvelle marque de vêtements. Je vais tourner un sitcom pour Ramadan, sinon, je suis toujours l’égérie de Samsung et je collabore avec Mautassin. Dans la vie, il faut savoir créer les opportunités et innover en permanence.

Entretien réalisé par Kawtar Firdaous