Campagne consumériste virtuelle ou campagne politique réelle ?

Ces derniers jours, une campagne enfièvre Facebook. Depuis le soir du vendredi 20 avril, ses initiateurs appellent au boycott des carburants d’Afriquia, de l’eau minérale Sidi Ali et du lait de Centrale Danone. Pourquoi précisément ces produits et pas d’autres ?

Pour expliquer la raison de leur campagne, les boycotteurs sont peu convaincants : «parce que ce sont les produits dominants sur le marché», avancent certains parmi eux. Or, d’une part d’autres produits tout aussi «dominants» sont épargnés. De l’autre, parmi les boycotteurs, les plus nombreux sont ceux qui s’en prennent surtout à Aziz Akhannouch. Cette campagne virtuelle ne serait-elle alors qu’une nouvelle attaque politique contre l’homme fort du moment ?

Pour répondre à cette question, une analyse des critiques et insultes proférées à cette occasion contre le président du RNI est nécessaire. Sur cette base, on constate que les attaques ressemblent à l’identique à celles menées à profusion lors de son bras de fer avec Abdelilah Benkirane, quand ce dernier peinait à rassembler une majorité.

La riposte d’Akhannouch

Qui instrumentalise qui ?

En fin de journée du mercredi (25 avril 2018), soit 4 jours après le lancement de l’appel au boycott, des meneurs de cette campagne ont pointé du doigt la tentative du PJD d’exploiter cette action. Ils se sont adressés nommément à Saâd-Eddine El Othmani et à Abdelilah Benkirane pour les en dissuader. En réaction à cette mise en garde, certains internautes ont eux aussi alerté le «peuple de Facebook» qu’il ne s’agit là que d’une vaine tentative de blanchir les PJDistes.

Un «drôle» de boycotteur

Hier (mardi 24 avril 2018), l’un des boycotteur s’est même permis une descente, musclée, auprès des chauffeurs de grands taxis au quartier casablancais de Sidi Bernoussi. Il a été filmé alors qu’il menaçait de représailles et insultait des chauffeurs qui continueraient à s’approvisionner auprès d’Afriquia. Dans l’une des séquences, on le voit se réjouir d’avoir trouvé sur le banc d’un taxi une bouteille d’eau «Aïn Soltane», qu’il montre bien aux internautes, au lieu de l’eau boycottée. Sa vidéo a fait le tour de la toile, mais son acte l’a conduit, peu de temps après sa publication sur Facebook, au commissariat de Sidi Bernoussi. Il devra comparaître devant la justice. Les boycotteurs le soutiennent et avancent que le bonhomme ne faisait que rigoler.