Sécurité alimentaire LE MAROC EST-IL menacé ?

Au Maroc, comme dans les autres pays de la Méditerranée, la sécurité alimentaire n’est pas totalement assurée.

Cette évidence ne frappe pas encore les esprits puisqu’on croit, à tort, qu’on est dans une phase d’opulence durable. Et même si on commence à parler d’insécurité alimentaire dans la riche Europe, dans notre pays on n’arrive toujours pas à croire que l’on puisse un jour manquer de pain, d’eau... Pourtant, le ministre de l’Agriculture, lui-même, a prévenu à maintes reprises, comme pour sonner l’alarme, des sérieuses menaces que fait planer l’insécurité alimentaire non seulement sur notre pays, mais sur toute la région alentour. Ce n’est pas pour rien que ce sujet revient de nouveau au SIAM. Ce sera notamment à l’occasion de la journée de la FAO dont l’un des moments forts est le grand débat qui sera animé autour du Plan Maroc Vert en lien justement avec la sécurité alimentaire et la volatilité des marchés. Auparavant, peu de temps après l’ouverture du Salon, le Crédit Agricole du Maroc tentera, lui aussi, de trouver des réponses satisfaisantes à cette question fort inquiétante : Quelles solutions pour une plus grande sécurité alimentaire en Méditerranée ? En tout cas, l’insistance remarquée sur cette thématique montre qu’il y a là de vrais problèmes à anticiper pour éviter le pire. Pour rappel, en novembre dernier, Aziz Akhannouch est monté, encore une fois, au créneau lors d'un séminaire international organisé par le conseil économique et social (CES) sur la sécurité alimentaire dans l'espace euro-méditerranéen pour mettre l’accent sur les menaces qui pèsent comme une épée de Damoclès sur toute la région. Pour lui, les grands ennemis de la sécurité alimentaire au Maroc comme ailleurs sont les mêmes. Ils ont pour noms : les fluctuations des prix des denrées alimentaires de base engendrées par la spéculation, les changements climatiques jusque-là imprévisibles doublés de la raréfaction des ressources hydriques et l’explosion de la consommation qui va de pair avec le développement démographique. S’y ajoute un autre problème, spécifique au Maroc : le morcellement des terres et la domination des cultures céréalières, fortement dépendantes de la pluie, qui s’accaparent 55% de la surface agricole utile (SAU). Pourtant, ces cultures ne participent à la valeur globale de la production agricole qu’à hauteur de 20%. Il faut savoir aussi que les factures les plus lourdes que paye le Trésor public sont celles des céréales qui ont représenté en 2012 près de 38% des importations.

Grosso modo, ce diagnostic a été aussi établi, presque à l’identique, lors de la tenue, en mars 2012 à Rabat, du Forum mondial de la sécurité alimentaire initié par le groupe OCP. C’est sûr que les mêmes arguments devraient ressortir lors des débats prévus au cours du SIAM 2013.

Que faire alors face à ces menaces clairement identifiées ? Akhannouch préconise la coopération, au niveau de toute la Méditerranée, contre la spéculation financière pour un meilleur fonctionnement du marché au service des agriculteurs et des consommateurs. Il insiste aussi sur l’urgence d'associer les pouvoirs publics, les associations et entreprises des secteurs agricole, agro-alimentaire et industriel, les petites et moyennes exploitations, les établissements de recherche et les organisations internationales pour faire face à la menace de l'insécurité alimentaire. Sauf que jusqu’à présent, chaque pays fait cavalier seul pour pallier au plus urgent. Surtout en ces périodes de vaches maigres.

Ce que fait le Maroc

Pour augmenter et stabiliser la production agricole nationale, le Royaume a déjà passé à l’action à travers la mise en place, en 2008, du Plan Maroc Vert. Dans son Pilier I, ce programme global et pratique a pour objectif de soutenir le développement d’une agriculture moderne à haute valeur ajoutée. Et dans son Pilier II, ce sont les petits agriculteurs qui sont ciblés à

travers une agriculture solidaire viable et durable. Des résultats concrets ont été déjà enregistrés, faisant de l’agriculture, qui contribue à l’économie de près de 14%, un véritable moteur de croissance économique du pays et un outil efficace de lutte contre la pauvreté rurale.

La preuve par les chiffres. Selon le département de l’Agriculture, depuis la mise en œuvre du Plan Maroc Vert, un investissement estimé à près de 30 milliards DH a été drainé dans le secteur. En outre, une valeur ajoutée additionnelle moyenne de plus de 23 milliards DH a été réalisée entre la période 2003-2007 et la période 2008-2012. De même, le PIB agricole s’inscrit dans un trend haussier depuis l’année 2000, avec un PIB moyen supérieur à 100 milliards DH par an contre une moyenne de 75 milliards DH par an avant 2008.

Sur un autre registre, l’agriculture demeure le principal pourvoyeur d’emplois au niveau national, suivi, loin derrière, par les autres secteurs économiques. En milieu rural, près des trois quarts de la population active tire son revenu de la branche agricole. Les superficies en irrigation localisée ont marqué, elles aussi, une croissance soutenue. Et pour cause ! Le dispositif incitatif prévoit de prendre en charge la totalité des coûts de la micro-irrigation pour les exploitations de moins de 5 ha ou dans le cadre de l’agrégation. Ainsi, alors que l’objectif de reconversion des superficies actuellement irriguées en gravitaire vers l’irrigation localisée est fixé à 550.000 Ha à l’horizon 2020, d’ores et déjà près de 324.000 Ha ont été déjà réalisées, selon le ministère de l’Agriculture. Autre indicateurs positifs : la superficie annuellement plantée en olivier au cours des cinq dernières campagnes a atteint 45.000 Ha en moyenne, le développement de la filière bovine s’est traduit par le taux de la race améliorée au niveau des grands périmètres irrigués avoisinant aujourd’hui les 85% (avec un taux de 60% au niveau national), la modernisation des modes de production et l’obtention de rendements laitiers qui équivalent pour certaines exploitations ceux des grandes exploitations européennes

(25 litres/jour/vache), la satisfaction de la totalité des besoins nationaux en œufs de consommation...

Preuve de la réussite du Plan Maroc Vert, la Banque Mondiale vient de débloquer près de 1,9 milliard de dirhams (quelque 203 millions de dollars) pour le secteur agricole marocain. L’institution financière avait déjà accordé un autre prêt en faveur du secteur en 2011. D’ailleurs, à ce jour, près de 5,6 milliards de dirhams (608 millions de dollars) ont été versés pour le compte de 200.000 petits producteurs marocains

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