Entretien avec Anis Belafrej « Il y a une profusion de bureaux d’études au Maroc »
Anis Belafrej, fondateur de Team Maroc

Le bureau d’ingénierie et de conseil Team Maroc a organisé, le 17 avril, un séminaire sur l’apport des bureaux d’études en ingénierie dans le secteur économique marocain. Une première puisque, d’habitude, on n’entend parler de bureaux d’études que lorsqu’ils sortent des études.

L’Observateur du Maroc. Pourquoi Team Maroc a décidé de parler des bureaux d’études en dehors de la présentation d’une quelconque étude ?

Anis Belafrej. Les bureaux d'études (BE), comme toutes les entreprises, participent aux événements ou peuvent en prendre l'initiative du moment que ces événements concernent la réflexion et des recommandations pour améliorer leur profession. Team Maroc, à l'occasion de son entrée dans le groupe JESA pour former le premier groupe d'ingénierie marocain, a pris l'initiative de réunir le 17 avril à l’hôtel Sofitel de Rabat les personnalités du monde politique et économique, les donneurs d'ordre institutionnels, les partenaires, bureaux d'études, entreprises etc, pour débattre de l'innovation technologique, des gains en compétitivité générés par l’ingénierie de la formation et de l'attraction des talents, des modèles relationnels entre prestataires et Maîtres d'ouvrages....

Vous axez votre communication sur les bureaux d’études en ingénierie. Sont-ils moins connus que les autres ?

L’ingénierie englobe un large champ de métiers allant de l’ingénierie financière, aux process industriels, au génie civil, au Télécom, etc. Les bureaux d’ingénierie interviennent pour la réalisation des projets. Les bureaux de Conseil sont plus connus pour les études de stratégie, le développement sectoriel, le management… Les bureaux d’ingénierie interviennent pour la faisabilité et le montage des projets, les études techniques aux différentes phases et le suivi de leur

réalisation qui inclut les métiers de la planification des travaux, la coordination, l'assistance au Maître d'Ouvrage, la Maîtrise d'œuvre déléguée. Certains bureaux d'études, dont Team Maroc, interviennent aussi bien dans l’ingénierie que dans le Conseil.

Notre table-ronde a été axée sur l’ingénierie au sens large qui inclut le conseil.

Au Maroc, certains bureaux s’accaparent la part du lion dans les marchés d’études lancés par l’Etat. Est-ce la même tendance ailleurs ?

Partout dans le monde, les grandes structures d'ingénierie et de conseil, s'accaparent une part importante du marché des études. Notre secteur est très sensible à la taille des bureaux. Pour réaliser de grands projets, il faut avoir les moyens en ingénieurs, techniciens et ressources matérielles et financières. C'est un choix stratégique. Pour grandir, il faut s'allier à plus grand que soit et tirer profit de cette alliance pour recruter, former et stabiliser les compétences. C'est ainsi qu'on devient grand. De plus en plus, les cahiers de charges des appels d'offres deviennent draconiens: les MO exigent des références, des ingénieurs ayant de longues années d'expérience très spécialisée, des moyens financiers, entre autres, ce qui d'office, exclut les petites structures.

N’y a-t-il pas moyen de donner du travail à beaucoup plus de monde dans ce domaine ?

Mais, il y a de la place pour tout le monde : petits, moyens et grands BE. La taille des projets, le type de MO, la répartition géographique, la spécialité, le mode de concurrence, sont autant de critères qui opèrent le tri. Ce que nous remarquons au Maroc, c'est la profusion des petits BE (à un, deux ou trois ingénieurs à plein temps) et le peu, voire l'absence de grands BE, comme il en existe en Inde, en Égypte ou en Tunisie, où certains bureaux comptent plusieurs milliers d'ingénieurs. La vraie question est pourquoi le Maroc n'est pas doté de telles grandes structures ?

путевка в турцию из харькова