Incohérence dans la nullité
Ahmed CHARAI

Bouchra Berjal, députée et membre du parti de l’UC, a encore fait des siennes. Il y a quelques semaines, elle s’était illustrée au parlement en s’attachant au noeud de cravate du chef du gouvernement et en le reliant au rôle de son épouse, en parlant de parité, comme si le contenu de cet objectif n’était autre que faire des femmes de bonnes habilleuses. Berjal a persisté et signé. Dans l’émission « Fi Kafasse Al Itiham » sur Med Radio, elle a cru bien faire en s’attaquant à Mawazine, sur les mêmes thèmes populistes et conservateurs qu’utilisent les islamistes et les salafistes. Ceux-ci sont dans leur rôle quand ils s’attaquent aux festivals de tous genres. Ils sont porteurs d’une idéologie uniformisatrice, autour d’un repli identitaire. L’union constitutionnelle, son parti se présente comme le « premier parti libéral » du Maroc. Au niveau des textes, c’est historiquement vrai. Ses vrais fondateurs voulaient en faire le parti des nouvelles élites. La dame, avocate, est représentative de la déroute de ces mêmes élites. Elles courent après le discours populiste en pensant que c’est une panacée électorale. C’est une façon bien misérable de concevoir la politique. En choisissant l’ouverture et l’intégration à l’économie mondiale, le Maroc a accepté la mondialisation comme une contrainte des temps modernes. Cela implique que dans le cadre de la liberté de tout un chacun à choisir sa vie. Dans cet esprit, les musiques du monde sont les bienvenues, du moment qu’elles ont des adeptes au sein de la population marocaine. Le succès populaire, des millions de personnes profitant des différents festivals, prouve la pertinence de cette approche, l’ouverture réelle des Marocains, de la jeunesse en particulier, à la culture mondialisée. A contrario, cela dément les thèses parlant de « peuple choqué » par le spectacle. L’autre incohérence se base sur deux contre-vérités. La première concerne les fonds et leur origine. On laisse entendre qu’il s’agit d’argent public. C’est faux. Le financement est aujourd’hui totalement privé. Et les islamistes du gouvernement, désireux d’éviter toute polémique superflue, qui s’ajouterait aux autres, ont répété à l’envi cette vérité. Dire que cet argent « doit servir aux pauvres » relève de l’incohérence. De quel droit une institution quelconque peut-elle obliger des opérateurs privés à distribuer leur budget de communication aux pauvres ? La seconde contre-vérité a trait au rendement des festivals dont le coût serait exorbitant. Au-delà de l’offre faite aux citoyens, de manière très éclectique, de profiter de quelques moments de bonheur, de communion, de joie dans la convivialité qui est l’objet majeur, il y a l’impact sur l’image du Maroc. Durant toute l’année, et non pas seulement durant la période des festivals concernés, les chaînes de télé, partout dans le monde, passent les concerts « marocains ». Les opérateurs-sponsors y retrouvent leur compte, mais le pays et son économie aussi. Politiquement, cela renforce l’image d’ouverture et de tolérance de la société marocaine et de stabilité de nos institutions. Peu nombreux sont les pays capables d’organiser un concert de méga-stars comme Rihana, en plein air, gratuit pour la majorité des spectateurs qui plus est. La communauté internationale avait vu dans le maintien de Mawazine, en 2003, malgré les attentas du 16 mai, un signal politique fort. Celui d’un pays qui refuse le chantage terroriste et en avait pris acte. La dernière des incohérences, c’est que le discours populiste stigmatise aussi les spectateurs qui se rendent aux festivals et les téléspectateurs qui suivent les retransmissions. Ce public, qui se compte par millions, ne fait-il pas partie du peuple marocain ? C’est une attitude d’une nullité absolue, au point que l’on peut se demander s’il n y a pas des effets pervers de la discrimination positive. продвижение сайтов