Nouvelle audience pour vérifier la dangerosité criminologique de Tariq Ramadan

La cour d'appel de Paris doit examiner, demain mardi 22 mai 2018, le recours que le théologien de 55 ans a formé après le rejet, le 4 mai, de sa première demande de mise en liberté. L'audience se déroule en son absence. Atteint d'une sclérose en plaques dont le traitement a été jugé compatible avec la détention, le théologien portant la nationalité suisse est incarcéré depuis sa mise en examen le 2 février pour deux viols présumés, dont l'un sur une personne vulnérable, qu'il conteste vigoureusement.

Son avocat Me Emmanuel Marsigny compte demander le renvoi de l'audience, faute d'avoir obtenu la présence de son client et afin "que la cour juge par elle-même de son état de santé".

"La défense façon théorie du complot n'est pas digne face à la vérité du dossier", estime pour sa part Me Eric Morain, avocat de la deuxième plaignante.

Le 4 mai, le juge des libertés et de la détention avait motivé son refus par la nécessité "d'éviter tout risque de pression sur les victimes", compte tenu des menaces qu'elles ont dénoncées, mais aussi pour prévenir le renouvellement des faits, "dont la succession interroge sur la dangerosité criminologique de l'intéressé" et afin de garantir sa présence en France.

Celles par qui le scandale a été dénoncé

L'enquête contre Tariq Ramadan avait été déclenchée en octobre par les plaintes de deux femmes, dans le sillage du scandale Weinstein aux Etats-Unis et de la campagne #MeToo et, en France, #Balancetonporc.

La première, Henda Ayari, est une ancienne salafiste qui a raconté dans un livre et à la télévision avoir été violée en 2012 à Paris. La deuxième, surnommée "Christelle" et souffrant d'un handicap, a dénoncé un rapport sexuel contraint d'une très grande violence, commis en 2009 à Lyon. Elle est la seule à ce jour à avoir été confrontée au suspect, lors de sa garde à vue en février.

Auditionnée une première fois par les juges le 15 mai, Henda Ayari doit être ré-entendue prochainement, selon une source proche du dossier.

En mars, une troisième femme a affirmé avoir été violée en France, à Londres et à Bruxelles à neuf reprises entre 2013 et 2014. Cette ancienne escort-girl, protagoniste au côté notamment de l'ex-homme politique français et ex-directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, dans l'affaire pour proxénétisme de l'hôtel Carlton de Lille (nord), doit être bientôt auditionnée à son tour par les juges français.

L'audition prévue le 5 juin de Tariq Ramadan - la première depuis sa garde à vue - pourrait conduire à une nouvelle mise en examen pour ces faits.

Une quatrième femme a également déposé plainte pour viol à Genève.