Une ancienne ministre soudanaise anime devant le Souverain la 5e causerie religieuse du Ramadan

Le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, accompagné du Prince Moulay Rachid et du Prince Moulay Ismaïl, a présidé, hier (vendredi 1er juin 2018) au Palais royal de Casablanca, la cinquième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.

Cette causerie a été animée par la professeure Safya Abderrahim Tayeb Mohammad, ancienne ministre, professeure à l'université Oum Darmane et membre de la section de la Fondation Mohammed VI des ouléma africains au Soudan, sous le thème "les constantes de l'identité islamique en Afrique et les défis de sa préservation" à la lumière du verset du Saint Coran "Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux".

La conférencière a souligné, au début de la causerie, que l'Islam est considéré comme l'un des fondements de l'identité du continent africain où il s'est ancré au fil des siècles avec le Maroc comme point de départ, par l'entremise d'oulémas et de maîtres du soufisme dont les adeptes en Afrique sont nombreux.

Les Africains embrassent plusieurs religions, en tête desquelles figure l'Islam qui demeure la foi de 45 % de la population du continent, contre 40 % pour le christianisme, a expliqué Mme Safya Abderrahim, soulignant que le rite sunnite reste la doctrine dominante bien que la situation ait commencé à changer relativement dans certains pays après 1980.

C'est la raison pour laquelle, a-t-elle fait remarquer, la présence du Royaume du Maroc en Afrique reste fortement sollicitée pour prévenir une crise d'identité, au même titre que son rôle sur le front de la politique et la coopération.

La conférencière a, sur ce registre, abordé la création de la Fondation Mohammed VI pour les Oulémas africains, relevant que c'est un projet pilote pour la "veille religieuse" dans le continent, dès lors que la mission d'encadrement longtemps assumée par les confréries soufies doit être perpétuée dans l'optique de la défense des constantes africaines.

Il appartient donc à l'Afrique, selon elle, de puiser dans la religion islamique pour faire face à deux types de défis, internes et externes. S'agissant des défis internes, a-t-elle précisé, ils portent sur cinq aspects se rapportant à l'identité, au nationalisme, à la langue, à l'analphabétisme et à l'Ijtihad. Quant aux défis externes, ils ont trait aux concepts du libéralisme, de la mondialisation, de la laïcité et du terrorisme.

Concernant le défi de l'identité, l'oratrice a expliqué que les musulmans africains ont en commun une identité religieuse bien constituée, source de paix et de sérénité. Tant et si bien que l'Islam offre un modèle permettant à l'individu de vivre dans l’harmonie au sein de la tribu, du peuple et de la nation qu'elle soit le pays ou bien le continent, le seul critère de référence étant la takwa (crainte de Dieu), a-t-elle ajouté.

Sur le plan de la langue, la conférencière a fait observer que la diversité linguistique ne peut constituer une source de problèmes ou de mésentente que ce soit en Afrique ou ailleurs. Elle a cité les études du chercheur Hassan Gambo consacrées à la carte linguistique en Afrique, en ce sens qu'il a montré que le colonisateur a introduit des changements dans le système linguistique du continent, à l'origine de la marginalisation des langues locales actuellement.

Évoquant la question de l'analphabétisme, elle s'est demandée comment les illettrés peuvent tirer le meilleur parti des valeurs de l'Islam, affirmant qu'il s'agit là d'un fléau qui prend de l'ampleur dans les sociétés musulmanes. Or ces mêmes sociétés continuent à concevoir un fléau de cette ampleur comme une problématique d'ordre éducatif et moral. Elle a jugé nécessaire à ce niveau d'élaborer des approches et des solutions qui tiennent compte des spécificités et des moyens limités des pays concernés.

Sur le plan de l'Ijtihad, la conférencière a relevé que la multitude des interprétations erronées sur la religion et ses enseignements et l'ignorance qui sévit parmi certains de ses adeptes sont parmi les plus grands défis dont pâtit l'identité musulmane en Afrique.

L'oratrice a d'autre part abordé le concept du nationalisme, expliquant que d’aucuns cherchent à minimiser l'identité musulmane, voire quasiment l'écarter, en arguant qu'il y a forcément des antagonismes entre l'ethnie et l'Islam en tant que religion. Par contre, ceux attachés à la religion affirment qu'une telle identité donne un sens à son existence dans ses acceptions spirituelle et morale.