SYRIE L’échec de l’Occident
Mireille DUTEIL

Les habitants de Qousseir n’auront pas eu la chance des Libyens de Benghazi. L’Otan n’aura pas envoyé d’avions Rafale, comme en Libye, bombarder les chars de l’armée syrienne ou intercepter les avions. Le 5 juin, après trois semaines de sanglants combats et de bombardements massifs de la population, Qousseir a été reprise par les Syriens et les combattants du Hezbollah. Tombé aux mains des rebelles il y a plus d’un an, Qousseir, proche du Liban, était un verrou stratégique. Pour le régime syrien, reprendre Qousseir c’est assurer la continuité territoriale entre la plaine de la Bekaa, base arrière du Hezbollah,   la côte syrienne et le djebel alaouite, fief de la famille el-Assad. C’est aussi se donner les moyens de reconquérir la grande ville d’Homs. Pour la rébellion au contraire, la perte de Qousseir et la mort de centaines de combattants – sans parler des civils – est un handicap dans son contrôle de l’axe sud-nord– nord du pays, de Deraa à Alep. C’est aussi la couper de ses approvisionnements venus du Liban, en hommes et en armements, et qu’elle envoyait les blessés les plus graves au prix de mille difficultés. Deuxième abandon occidental : les armes chimiques.

Le 4 juin, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a annoncé que la France a désormais les preuves que le régime syrien avait utilisé, à deux reprises au moins, du gaz sarin. Un des  lancements a été fait à partir d’hélicoptère, dont ne dispose pas la rébellion. La France a fourni les preuves aux Etats-Unis et au professeur Ake Sellstr?m, chef de la mission d’enquête de l’ONU chargée de vérifier les présomptions d’utilisation d’armes chimiques. Or l’an passé, Washington, Paris et Londres, avaient déclaré que l’utilisation d’armes chimiques par Damas, représentait une « ligne rouge ».

En clair qu’ils interviendraient dans ce cas. Ce n’est manifestement plus à l’ordre du jour. Les Etats-Unis, qui souhaitent d’autres preuves, ne veulent pas se lancer dans une nouvelle aventure au Proche-Orient après l’Afghanistan et l’Irak. La Russie refuse de laisser tomber son vieil allié syrien et s’oppose farouchement au changement de régime à Damas, mettant son veto à toute résolution du Conseil de sécurité en ce sens. Elle a entamé un bras de fer avec Washington sur la question et prend sa revanche de la Libye et de l’Afghanistan dont elle a été chassée en 1999. L’Europe est, comme toujours, divisée et si Paris a les moyens d’intervenir au Mali, elle n’envisage même pas un instant de jouer dans la cour de récréation des grands. Même l’envoi d’armes à la rébellion reste théorique. Abandonner Damas est d’autant moins d’actualité que Bachar el-Assad l’emporte sur le terrain.

En face, la division de la rébellion et l’alliance de certaines katibate salafistes avec Al-Qaeda incitent les Occidentaux à la prudence. Ils ont un dernier objectif : une solution politique qui permettrait d’échanger le départ de Bachar el-Assad contre le maintien du régime. Cette solution devrait être entérinée lors de la réunion de Genève II. Elle permettrait d’arrêter la guerre et d’éviter la déstabilisation de la région, en particulier celle du Liban. Rien n’est moins sûr, pas plus la tenue de la conférence que le départ de Bachar el-Assad. Pour les Occidentaux, c’est l’impuissance absolue заказать канадский дом